Monsieur le Président,
Mes chèrEs Collègues,
Ma question s’adresse à M. le Ministre de l’Intérieur.
Depuis la semaine dernière j’accompagne, avec mes collègues EELV, les expulsés de Pajol. On n’y a pas vu beaucoup d’élus, mais des centaines de gendarmes mobiles.
Curieux, n’est-ce pas? Surtout face à ces êtres démunis, au regard vide, épuisés à force de dormir dehors. Ils ne parlent pas, on les dirait atteints d’un mutisme dénotant la souffrance, une souffrance qui rend sans voix, vécue dans le silence. Par pudeur, je n’en dirai pas plus. Des voisins, des jeunes gens, des moins jeunes apportent qui une couverture, qui un peu à manger ou à boire. Une modeste association de bienfaisance leur sert un plat chaud, avec un peu de pain.
Vous avez certes annoncé hier, Monsieur le Ministre, la création de quelques milliers de places pour les demandeurs d’asile entre la fin de l’année et fin 2016. Et 5 000 encore d’ici à 2017 pour ceux qui ont déjà obtenu le statut de réfugiés.
Si nous saluons vos promesses d’hébergement, une question demeure. L’« humanité » affichée prévaudra-t-elle sur une « fermeté » parfois brutale ?
En 2014, notre pays a octroyé l’asile à 17% des demandeurs, lorsque, globalement, dans l’UE, ce taux est de 45%. On est bien loin de la juste répartition suggérée il y a peu. De peur de passer pour laxiste, ce gouvernement va-t-il bafouer les fondamentaux du socialisme censé l’inspirer, continuer de décevoir son électorat, sans satisfaire celui de la droite et moins encore celui du FN ?
Avant l’ouverture de vos hypothétiques grands chantiers, que ferez-vous dans l’immédiat des expulsés des campements que vous qualifiez d’illicites, des demandeurs d’asile non encore logés ou en centre de rétention? Ils ne vont quand même pas dormir dans la rue ou rester dans ces centres jusqu’à fin 2015 ! Des places d’hébergement doivent être ouvertes en urgence, et être accessibles 24 heures sur 24 ! Quid des mesures privatives de liberté à la frontière pour les mineurs isolés demandeurs d’asile auxquelles le candidat Hollande avait promis de mettre fin ?
Avez-vous un plan d’action à l’endroit des migrants arrivant massivement en Italie et se dirigeant vers la France ?
Des actes, M. le Ministre, nous voulons des actes. Pas des mots. Ni de promesses non tenues.