‘Reconnaître la Palestine : et si c’était au tour de la France ?’ (L’Obs, 30 octobre 2014)

Par Céline Lussato

Et si Paris prenait l’exemple de la Suède qui vient de reconnaître la Palestine ? La sénatrice Esther Benbassa a déposé une proposition de résolution au Sénat en ce sens.

Dans une rue de Gaza à la fin de l'opération Bordure protectrice. (MOHAMMED ABED / AFP)

Dans une rue de Gaza à la fin de l’opération Bordure protectrice. (MOHAMMED ABED / AFP)

Les sénateurs souhaitent, disent-ils, que « le gouvernement français reconnaisse sans délai l’Etat palestinien souverain et démocratique sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale des deux Etats ».

Une proposition de résolution qui intervient quelques jours après le vote par la Grande-Bretagne d’un texte allant dans le même sens et alors même que la Suède a, jeudi, officiellement reconnu la Palestine comme un Etat à part entière. Il s’agit du 135è pays à reconnaître officiellement la Palestine comme un Etat.

« Une résolution n’est pas une décision » a tenu à préciser Esther Benbassa. « Nous attendons des pourparlers négociés entre les deux parties, nous ne souhaitons en aucun cas nous substituer à ces deux Etats qui doivent enfin se mettre sérieusement autour d’une table », a-t-elle affirmé jeudi matin, soulignant l’existence de certains obstacles à l’aboutissement rapide d’un accord : « Tant que le Hamas ne reconnaîtra pas Israël, il ne pourra pas y avoir de réel accord de paix. Mais en tant qu’historienne, je sais voir les choses dans la durée », a souligné la sénatrice. « L’OLP n’est-elle pas passée d’un mouvement terroriste à des costumes cravates autour d’une table ? »

Pression israélienne

Du côté israélien à Paris, cette résolution n’a pas soulevé grand enthousiasme. Le service politique de l’ambassade a envoyé un mail à l’ensemble des sénateurs jeudi matin pour souligner combien « une déclaration de reconnaissance unilatérale (…) durcirait les positions de chacune des parties », assurant qu’alors « les chances de compromis s’éloigneront encore davantage », prenant appui sur une tribune de l’ancien Premier ministre espagnol José María Aznar qui appelait dans le « Times » le 25 octobre à ne pas reconnaître la Palestine.

L’ambassadeur d’Israël en France aurait d’ailleurs sollicité un entretien auprès de Gérard Larcher, président du Sénat, pour plaider sa cause.

« Il y a des pressions très fortes », a confirmé Esther Benbassa. « Mais cette résolution est capitale. Je crois aux symboles. Et l’adoption par les sénateurs d’une résolution demandant à la France de reconnaître la Palestine en serait un très fort. Faut-il attendre la prochaine guerre pour se réintéresser à ces pays ? », a souligné la sénatrice.

Reste à obtenir que cette résolution soit placée à l’ordre du jour. « Nous devons négocier avec les autres sensibilités sinon cela n’ira pas très loin », a concédé Esther Benbassa, soulignant avoir eu d’ores et déjà des retours positifs de radicaux de gauche, de certains socialistes ou encore de membres de l’UDI.

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