Hollande, invité-surprise chez les écolos (Le Point, 2 octobre 2014)

Lors d’un dîner informel de parlementaires écologistes qui a eu lieu mercredi soir, le président a réaffirmé sa volonté de prendre en compte l’écologie.

De l’utilité des écologistes en politique : c’est le sujet sur lequel ont planché jeudi les parlementaires d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), au centre d’une opération de séduction de l’exécutif et des socialistes. « La surprise était belle. On est restés scotchés. » Véronique Masonneau, députée écologiste de la Vienne, avait encore le sourire aux lèvres jeudi en se souvenant de la venue-surprise du président de la République la veille lors d’un dîner organisé par Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, avec plusieurs de ses collègues parlementaires d’EELV.

Alors que les écologistes ont refusé de participer aux deux gouvernements Valls, que les députés EELV n’ont pas voté la confiance au Premier ministre et en pleine discussion sur la loi de transition énergétique à l’Assemblée nationale, François Hollande est venu partager un couscous pendant trois heures avec eux à la veille de leurs journées parlementaires. Selon les participants, François Hollande, « très détendu », a fait un « débriefing de la conférence climat à l’ONU », discuté de « la transition énergétique », de « la biodiversité » et même du « droit de vote des étrangers », les sujets de prédilection des écologistes. « On lui a fait état de nos soucis, notamment sur le budget », raconte la sénatrice du Val-de-Marne Esther Benbassa. « Je ne sais pas s’il y a un acte politique (…), il nous a interrogés sur nos attentes. Franchement, il nous a écoutés, mais je ne suis pas sûre de ce qu’il va retenir », ajoute la sénatrice, méfiante.

Jeudi, c’était au tour du président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone de se présenter comme le rassembleur des écologistes et des socialistes dans un discours tout en politesse pour ses « amis », ses « camarades » d’EELV. « Que serait le rassemblement de la gauche et des écologistes sans l’amitié, la camaraderie et la fraternité nouées entre des courants de pensée que tout rapproche ? » a-t-il dit en tant qu’invité à l’ouverture de ces journées parlementaires. « Jamais, je dis bien jamais, je ne me résoudrai à la désunion entre nous, a-t-il asséné. Nous avons vocation à gouverner ensemble. » Et de citer sa phrase fétiche qui plaît aux écologistes: « On peut vivre avec 4 % de déficit, pas avec 4 degrés de plus. » « Si nous allons divisés aux prochaines élections, nous serons considérés comme des gens qui ne veulent pas gouverner des territoires ou le pays », a-t-il précisé plus tard à la presse.

« Les socialistes, c’est comme le poulpe »

« J’ai toujours cru que, pour gagner, la gauche et les écologistes devaient se rassembler, mais un vrai rassemblement sur le fond », tempère Cécile Duflot, députée de Paris et ancienne ministre du Logement. « Pour que cela change, il faudrait que la politique menée évolue », ajoute-t-elle. « Je n’ai pas l’idée que les socialistes sont plus gentils avec nous. Ils sont un peu plus aimables depuis dimanche », souligne Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, faisant allusion au passage à droite du Sénat. « Les socialistes, c’est comme le poulpe, il faut taper dessus pour qu’ils s’attendrissent », s’amusait un cadre écologiste au moment du vote de confiance.

Jean-Vincent Placé, organisateur du dîner « surprise » avec François Hollande, n’a quant à lui « pas de problème de savoir si on a besoin » d’eux. « Ce n’est pas à cette aune que je mesure la venue de François Hollande, Claude Bartolone ou Ségolène Royal. » La ministre de l’Écologie est attendue vendredi. « Je souhaite un dialogue politique sur nos préoccupations : les crises écologiques, énergétiques et alimentaires », ajoute le sénateur de l’Essonne.

Des préoccupations qui sont aussi celles de Français. Selon un sondage CSA réalisé pour les députés EELV, six Français sur dix se disent « proches des valeurs et idées écologistes ». « Quand on voit une telle adhésion à nos idées, il faut se poser la question de pourquoi nous n’avons pas de victoires électorales ni même sociétales », analyse Emmanuelle Cosse. « Il faut faire un travail de conviction (…) sans oublier ce que nous sommes et nous faisons », propose-t-elle.

Pour (re)lire l’article du Point, cliquez ici!