Depuis un mois, le 101e département français est en proie à une crise sociale sans précédent contre la vie chère sans que le gouvernement ne prenne la mesure de l’urgence pour les habitants de l’île de l’archipel des Comores. Les syndicats ont reçu, en début de semaine, le soutien d’une délégation de partis de gauche.
La situation à Mayotte, qui n’est pas sans rappeler le mouvement en Guadeloupe de l’automne 2009, semble bloquée. L’envoyé spécial du gouvernement, Stanislas Martin, nommé par Marie-Luce Penchard, ministre de l’Outre-mer, n’a pas pu, lors de son premier rendez-vous avec les partenaires sociaux, lundi dernier, trouver une solution à la crise sociale qui frappe l’île depuis un mois. L’intersyndicale et les associations de consommateurs de Mayotte ont claqué la porte de la réunion de l’Observatoire des prix à laquelle participait le médiateur fraîchement arrivé sur l’île. « Nous attendions un négociateur, on nous envoie un médiateur ayant pour mission d’écouter les différentes parties et de produire pour la semaine prochaine un rapport, notamment à l’intention des membres de l’observatoire des prix », a regretté Salim Naouda, secrétaire départemental de la CGT Mayotte. « Nous voulons l’ouverture de véritables négociations alors que Paris revoit ses propositions et donne mandat à Stanislas Martin pour les mener afin de répondre aux attentes immédiates des Mahorais qui manifestent depuis près de quatre semaines », a ajouté le responsable syndical. Ils ont aussi regretté que l’ordre du jour de l’Observatoire des prix ait été consacré à l’analyse de la structure des prix en général et non à l’examen pointu du prix de la viande, un des produits au coeur des revendications. Stanislas Martin, chef de service de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et répression des fraudes (DGCCRF), qui avait été nommé lors du Conseil interministériel de l’Outre-mer du 6 novembre 2009 « coordonnateur des enquêtes de concurrence pour l’ensemble de l’Outre-mer »
Mercredi soir, les syndicats ont une nouvelle fois rencontré le médiateur et se sont prononcés pour « la poursuite du mouvement », émettant des doutes quant à l’objectivité du rapport qu’il doit rendre au gouvernement « dans une dizaine de jours ».
La gauche solidaire avec les Mahorais
Lundi, une délégation comprenant les parlementaires Martine Billard (Parti de gauche) et Esther Benbassa (Europe Ecologie-Les Verts), Clémentine Autain (FASE), Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) et Christine Poupin (porte-parole du NPA), a été reçue au ministère de l’outre-mer à Paris pour protester contre la répression que subissent les Mahorais. « Vu d’ici, l’indifférence a des limites » par rapport à des « choses répressives et violentes sur un mouvement légitime » contre la vie chère, a expliqué Olivier Besancenot, resté à l’extérieur pour cette action « symbolique » de « solidarité ». « On veut la transparence intégrale sur ce qu’il s’est passé et que les forces de l’ordre se retirent au plus vite », a-t-il dit, faisant allusion au manifestant mort mercredi dernier. Selon lui, « plus il y aura de bruit ici, plus il y aura de personnes informées (sur ce qu’il se passe là-bas) et donc plus il y aura de garanties pour les manifestants ».
Les revendications des Mahorais, et tout particulièrement des « bouénis », ces mères de familles piliers de la société mahoraises, portent sur une baisse des prix de produits de première nécessité comme les sacs de riz et les emblématiques ailes de poulets ou « mabawas », plat favori des Mahorais, ou encore la bouteille de gaz qui permet de les cuisiner. La crise risque de toucher durement ce territoire qui connaît déjà un taux de chômage de près de 18% et de plus de 30% chez les jeunes de moins de 25 ans.