PARIS, 2 mai 2014 (AFP) – Le tribunal correctionnel de Paris a examiné vendredi des déclarations d’Esther Benbassa, qui lui avaient valu une plainte pour diffamation de Marine Le Pen, accusant la sénatrice écologiste de l’avoir injustement liée à l’affaire Cahuzac.
Les déclarations incriminées avaient été tenues, en direct, sur le plateau de l’émission « Ce soir ou jamais » sur France 2, le 5 avril 2013.
« Elle a placé l’argent… », avait dit Mme Benbassa au sujet de Mme Le Pen, laissant entendre que la présidente du Front national avait elle-même placé des fonds appartenant à l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac sur un compte en Suisse.
Après avoir nié pendant plusieurs mois, M. Cahuzac a démissionné du gouvernement le 19 mars 2013 puis reconnu, le 2 avril devant les juges d’instruction, l’existence de ce compte.
Immédiatement après avoir tenu ces propos, Mme Benbassa avait ajouté: « Enfin… ses amis ont placé l’argent ».
Elle faisait là référence à Philippe Péninque, conseiller de Marine Le Pen qui a reconnu avoir aidé Jérôme Cahuzac à ouvrir le compte en Suisse, ce qui ne constitue pas une infraction.
A l’audience vendredi, Me Wallerand de Saint-Just, conseil de Marine Le Pen, qui n’était pas présente, a souligné que Mme Benbassa n’avait jamais cherché à mettre publiquement hors de cause sa cliente après l’émission, alors que ses déclarations avaient été largement relayées sur les réseaux sociaux.
« Ca peut arriver que la langue fourche ou que l’on commette un lapsus (…), mais à ce moment-là, on le fait savoir », a-t-il plaidé.
La représentante du parquet Annabelle Philippe a suggéré la relaxe, estimant que les propos incriminés devaient être replacés dans leur contexte et que Mme Benbassa avait immédiatement rectifié ses déclarations, en parlant des « amis » de Mme Le Pen.
« On est dans une volonté d’instrumentalisation de la justice », a dénoncé Me Caroline Mecary, l’avocate de Mme Benbassa, qui était absente à l’audience.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 6 juin.