POLITIQUE – Au sein d’EELV, la décision du Bureau exécutif de ne pas participer au gouvernement est critiquée…
«Elle a le droit d’avoir une stratégie personnelle, mais elle n’a pas le droit de prendre tout le monde en otage». La phrase de Daniel Cohn-Bendit sur Cécile Duflot ce mercredi, résume la pensée d’une partie des écologistes, alors qu’EELV a claqué avec fracas la porte du gouvernement.
Car l’ancienne ministre du Logement, qui avait tenté le coup de poker en faisant savoir dès avant le second tour des municipales qu’elle ne participerait pas à un gouvernement Valls est suspectée d’avoir abattu dans l’histoire sa carte personnelle, quitte à jouer contre son camp. François de Rugy, député EELV qui était pressenti pour rentrer au gouvernement, pointe ainsi – sans nommer personne – des «décisions personnelles, qui ont pris le pas sur l’intérêt général».
>> Lire l’interview de François de Rugy: «Une décision incompréhensible, qui laissera des traces»
«Duflot ni Canfin n’ont voulu discuter»
«Il y a un problème démocratique», peste Christophe Rossignol, membre du conseil d’orientation politique d’EELV, qui explique que «ni Cécile Duflot ni Pascal Canfin [ancien ministre du Développement] n’ont voulu discuter avec les instances du parti» avant d’annoncer qu’ils quittaient le gouvernement. Selon lui, 93% des sympathisants écologistes étaient pour qu’EELV reste au gouvernement et «c’est toujours mauvais signe quand on n’écoute pas les personnes qui votent pour nous».
«Cécile Duflot joue sa carte dans la perspective de 2017», abonde une parlementaire dans Le Figaro. David Assouline, porte-parole du Parti socialiste, a de son côté regretté «la stratégie personnelle de candidature alternative» de l’ancienne ministre. Et ce alors «qu’il y avait là la possibilité d’être à la responsabilité de l’écologie et de la transition énergétique de notre pays», poste dont a finalement hérité Ségolène Royal.
«Pas de mainmise»
Mais si une majorité de parlementaires s’était prononcée pour une entrée au gouvernement, d’autres sont sur la ligne choisie par le Bureau exécutif. Et minimisent le supposé tour de force de Duflot. Pour Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, la décision n’est pas revenue à une personne mais à «une majorité de membres du Bureau qui ont voté ‘non’».
«Il n’y a pas de mainmise de Cécile Duflot sur le parti», a aussi assuré Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’EELV dans une interview au Monde, jugeant toutefois que «sa décision est importante (…) à la hauteur de son poids politique et de ses réalisations.»
D’autre part, si Cécile Duflot et Pascal Canfin «se sont retirés, c’est qu’ils avaient compris qu’ils ne pourraient rien obtenir sur l’écologie politique avec Manuel Valls», rappelle Esther Benbassa. «Tout ça est une question de politique, pas de faciès».
Enora OLLIVIER
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