Au lendemain de la manifestation de la Manif pour tous, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, prévient que le gouvernement « s’opposera à des amendements parlementaires » sur la GPA et la PMA. « Ce n’est pas très démocratique de dire ça d’avance », répond à publicsenat.fr la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts, Esther Benbassa. « Nous ferons quand même des amendements sur la PMA », prévient-elle. Entretien.
Manuel Valls affirme que le gouvernement « s’opposera à des amendements parlementaires » sur la gestation pour autrui (GPA) et la procréation médicalement assistée (PMA) lors de l’examen du projet de loi sur la famille. Quelle est votre réaction ?
Ce n’est pas très démocratique de dire ça d’avance. Nous ferons quand même des amendements sur la PMA. J’en ferai.
Comment expliquez-vous la position du ministre de l’Intérieur ?
Ils font tout ça pour calmer les esprits des conservateurs qui descendent dans la rue, apaiser un peu. Ils pensent que ce sera préjudiciable pour les élections qui arrivent. La loi famille ne contient même pas un article sur la PMA. C’est la fronde de droite qui s’organise sur les conservatismes et les fantasmes. Ce n’est pas nouveau en France. C’est cyclique. Tout ça n’est pas à l’honneur de l’ensemble de la France. Si les gens vont dans rue, on a beau les rassurer, vous ne calmerez pas leurs fantasmes. Rien ne les calmera. Ils ne sont pas descendus juste contre la PMA. Ils sont contre le mariage pour tous et tout ce qui peut faire avancer la France.
Manuel Valls n’aurait pas dû s’exprimer ainsi ?
Ces petits mots qu’il lance pour calmer les réactionnaires, c’est un peu du plâtrage. Ça donne un peu l’image d’un gouvernement déstabilisé. Et ça, c’est très mauvais. Le gouvernement devrait rester droit dans ses bottes car rien ne fera reculer cet assemblage qui se forme entre catholiques intégristes, conservateurs et l’extrême droite. Je suis un peu étonnée que Manuel Valls tienne un discours qui montre que l’Etat n’est pas assez fort.
Sur la PMA, le gouvernement aurait-il dû attendre l’avis du Comité consultatif national d’éthique, comme il l’avait dit ?
Oui, j’aurai pensé qu’il aurait attendu. C’est dommage. Les experts n’ont pas donné leur avis. Manuel Valls décide toujours tout seul. Tout ça pour calmer les esprits. Mais ensuite, il y aura le projet de loi sur la mort assistée. Ils vont encore s’opposer car c’est une opposition contre le gouvernement.