Par Audrey Salor.
» Les actions – parfois violentes – des opposants au texte se sont multipliées samedi et dimanche.
Action menée par le Printemps français à l’espace des Blancs-manteaux, dans la nuit de samedi à dimanche. (DR)
La tension monte encore d’un cran. Ce week-end du 6 avril, quelques jours après le début de l’examen au Sénat du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homos, les opposants au texte ont multiplié les actions coups de poing, allant jusqu’à s’en prendre à la voiture de la sénatrice Esther Benbassa.
Vendredi soir à Saint-Etienne, le rapporteur du texte Erwann Binet a été pris à partie par des membres des Jeunesses nationalistes lors d’un débat avorté à la faculté de droit. Déjà bousculé par les anti il y a deux semaines, à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines, le député de l’Isère annonce qu’il annule sa participation à de prochains débats, prévus à l’Institut d’études politiques de Grenoble et dans deux autres facultés de la région parisienne. « Il n’est pas possible de continuer dans ces conditions, il faut que les opposants se ressaisissent », déplore celui qui estime que « les opposants ont été pris en otage par des fous d’extrême droite ». Parmi les antis, figurait en effet le leader des Jeunesses nationalistes, Alexandre Gabriac, comme le montre une photo parue dans la presse locale que ce dernier a lui-même postée sur Twitter.
Fondateur des Jeunesses nationalistes, il avait été expulsé du Front national en 2011 après la diffusion de photos le montrant en train de faire le salut nazi.
Le collectif La Manif pour tous en Rhône-Alpes a pris ses distances en « se désolidaris(ant) totalement de l’action, des thèmes et des personnes » appartenant à ce mouvement d’extrême droite, que le collectif « réprouve totalement ».
« On me dit qu’on va me ‘casser la gueule' »
Esther Benbassa, sénatrice écologiste et soutien du projet de loi, a pour sa part rapporté que samedi, les roues et l’arrière de sa voiture avaient été « défoncés » et que le véhicule, garé près de son domicile du XIe arrondissement de Paris, avait été poussé sur un passage piéton. Elle a estimé que ces actes étaient en lien avec son soutien au projet de loi sur le mariage pour tous.
« Je reçois depuis plusieurs jours de nombreuses menaces par téléphone et par mails, ainsi que des dizaines de lettres de mauvais goût à mon bureau au Sénat », indique aussi la sénatrice. « On me dit qu’on va me ‘casser la gueule' ». Selon elle, deux de ses collègues écologistes, les sénatrices Corinne Bouchoux (Maine-et-Loire) et Leïla Aïchi (Paris), ont eu leurs adresses mail au Sénat détournées et utilisées frauduleusement pour envoyer en leur nom des messages anti-mariage homosexuel aux autres sénateurs de leurs départements.
Des affiches collées en pleine nuit
Une action revendiquée par le Printemps français, collectif offensif contre le mariage homosexuel, a par ailleurs été commise dans la nuit de samedi à dimanche sur la devanture de l’espace des Blancs-Manteaux à Paris, où l’Inter-LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi, Trans) organise « Le printemps des assoces ». Sur une vidéo postée en ligne par les auteurs des faits, on peut voir une vingtaine de personnes coller en pleine nuit des affiches sur les portes d’entrée et sur les murs des locaux, dont ils ont décroché la banderole.
La présidente du collectif pour l’enfant et porte-parole du Printemps français, Béatrice Bourges, s’est félicitée sur Twitter dimanche de cette action : « Bravo opération réussie nuit blanche aux blancs manteaux » – avant d’effacer son message.
L’action a suscité de multiples réactions politiques.
Visage tuméfié
Les opposants au mariage homosexuel « poursuivent les ministres, empêchent le député Erwann Binet d’intervenir dans des débats publics, se rendent au domicile personnel des parlementaires et maintenant s’attaquent aux associations LGBT », dénonce de son côté le PS, y voyant « la conséquence directe de la volonté (…) d’orienter le débat public vers toujours plus de violence, toujours plus d’homophobie ».
L’association SOS homophobie déplore elle ce lundi « plus de 60 témoignages reçus » la semaine dernière « ce qui laisse présager un nombre bien plus important d’actes homophobes pratiqués ». Ce week-end, la photographie d’un homosexuel, le visage tuméfié, affirmant avoir été agressé alors qu’il se trouvait dans le XIXe arrondissement de Paris avec son compagnon a été largement partagée sur Facebook. »
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