J’étais, ce 6 mars 2013 après-midi, à Champs-sur-Marne pour entendre le discours du Premier ministre sur le nouveau Grand Paris.
Voici la dépêche AFP rendant compte de l’événement:
CHAMPS-SUR-MARNE (France) (AFP) – Jean-Marc Ayrault a donné le top départ du Grand Paris des transports mercredi en engageant le gouvernement sur un plan de financement et un calendrier pour la réalisation de cet aménagement pharaonique, qui doit tirer la croissance de la première région française.
Cet exercice de clarification a été unanimement salué à gauche qui se félicite d’un « nouveau départ » mais aussi à droite par certains élus ravis de voir ce projet né sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy continuer sa route.
Le supermétro automatique Grand Paris Express (GPE), ses 200 km et ses 72 gares, sera réalisé « intégralement » pour 2030, a promis le Premier ministre, devant un aréopage de ministres, d’élus et de décideurs économiques, réunis pour l’occasion en grande banlieue, à l’université de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne).
« Il avait été beaucoup promis, beaucoup annoncé mais rien financé! Aujourd’hui nous sommes dans l’action pour un Nouveau Grand Paris », nom donné au projet transports dans sa globalité, a déclaré à la presse M. Ayrault.
Le gouvernement socialiste a donc repris le projet né d’un accord Etat-région de 2011 qualifié déjà d' »historique », l’a retravaillé en y intégrant sa propre vision: soulager rapidement les Franciliens dans leurs transports quotidiens, une idée portée conjointement par la ministre en charge, l’écologiste Cécile Duflot, et le président PS de la Région, Jean-Paul Huchon.
« De doux rêve, ce projet va pouvoir devenir une réalité », a déclaré à l’AFP Mme Duflot, tandis que M. Huchon a souligné le « courage, dans un océan de rigueur et de réduction des dépenses, de décider d’investir vraiment ».
Ce nouvel ensemble comprend le futur GPE et le plan de mobilisation pour améliorer et prolonger l’existant. « Les lignes seront lancées en parallèle, les tronçons s’enchaînant », a précisé le Premier ministre, pour ne pas donner l’impression d’avoir des territoires servis en premier et d’autres en dernier.
Symboliquement, les nouvelles lignes recevront des appellations dans la lignée du métro parisien: la rocade la plus proche de Paris va devenir la ligne 15, l’arc le plus à l’est la 16, la ligne du Bourget à Charles-de-Gaulle la 17 et celle du plateau de Saclay la 18.
Le Nouveau Grand Paris est « d’une ambition sans précédent et il est financé », s’est enorgueilli M. Ayrault car c’est là que le bât blessait. Le rapport Auzannet de décembre dernier avait provoqué un psychodrame en annonçant une sous-estimation d’environ 10 milliards d’euros, portant la note à près de 30 milliards. De nombreux élus de tous bords s’étaient alors mobilisés, craignant de voir leur tronçon sacrifié.
Finalement, tout le tracé sera réalisé mais avec des capacités différenciées, revues à l’aune des prévisions d’augmentation de trafic selon les portions. Ce travail d’affinage a permis d’économiser 3 milliards sur la note finale, revue donc à 27 milliards.
Parallèlement, des travaux de prolongation et de création de tramways pour étoffer les liaisons de banlieue à banlieue sont estimés à 7,3 milliards d’ici à 2017. Quatre milliards étaient prévus, M. Ayrault a annoncé 2 milliards supplémentaires, issus des caisses de la Société du Grand Paris (SGP).
La SGP, désormais maître d’ouvrage de l’ensemble du GPE, n’a en effet pas besoin tout de suite de toutes ses provisions, étant au stade des enquêtes et études et pas encore à celui des travaux.
Pour assurer le financement à long terme, le gouvernement a opté pour la simplicité: l’intégralité de la très dynamique taxe locale sur les bureaux sera versée à la SGP, lui permettant de lever un emprunt conséquent, et dont la durée pourrait être allongée de 35 à 40-45 ans.
Aucune nouvelle taxe n’est donc à l’ordre du jour, ce dont s’est félicité le Medef, et qui a de quoi rassurer la droite. En revanche, après 2020, une fois que de nombreux tronçons seront entrés en service, le gouvernement estime qu’il faudra un nouveau prélèvement pour augmenter de 150 millions d’euros par an les recettes de la SGP.
M. Ayrault a pris soin de rappeler l’importance de l’Ile-de-France au sein de l’économie française, où elle pèse 30% du PIB. « Un Grand Paris qui se développe, ce n’est pas Paris contre la province, c’est toute la France qui se porte mieux », a-t-il affirmé. Avec 150.000 emplois directs et indirects générés par ce projet de transport, le Nouveau Grand Paris doit tirer la croissance.
Le Premier ministre a aussi abordé la gouvernance institutionnelle. Le projet de loi sur la décentralisation, qui sera présenté en Conseil des ministre le 10 avril prochain, fait la part belle à la vision du maire PS de Paris Bertrand Delanoë et a suscité une levée de bouclier des élus régionaux de tous les bords politiques lors de sa révélation lundi. M. Ayrault a notablement réconforté M. Huchon et assuré que le gouvernement « examinerait » les amendements qui lui seraient soumis lors du débat parlementaire à venir.
Et voici le communiqué des élus EELV du Conseil régional d’Île-de-France:
Avec les nombreuses gares en banlieue de la rocade, le nouveau projet permettra à des millions d’usagers de se rendre au travail sans passer par Paris, tout en soulageant un réseau existant déjà saturé. Le Nouveau Grand Paris s’adresse aussi aux territoires oubliés, notamment les quartiers enclavés ou certains territoires de la grande couronne. En 2030, le métro ira jusqu’en Seine et Marne !
Les élus écologistes approuvent également l’autre volet du Nouveau Grand Paris : l’investissement dans les transports d’aujourd’hui. En partenariat avec l’Etat, la région Île-de-France va ainsi investir 7 milliards d’euros d’ici 2017, afin d’améliorer les RER, acheter des nouveaux trains, prolonger des lignes. C’est le cas notamment de plusieurs lignes de tramway et du prolongement d’Eole à l’ouest.
En période de crise, et alors que la tentation de l’austérité est de plus en plus forte, les écologistes se félicitent du lancement d’un projet d’avenir qui créera 250 000 emplois d’ici 2030 dans un secteur clef de la conversion écologique des territoires : les transports en commun. Seuls des investissements massifs dans ce secteur permettront de sortir de la dépendance au pétrole et du tout automobile.
Les écologistes regrettent néanmoins la superposition des projets pour le nord du territoire de l’Ile-de-France, notamment ceux qui traversent les terres agricoles du triangle de Gonesse. Entre le barreau de Gonesse, CDG Express et la nouvelle ligne du Grand Paris, la sobriété et le bon sens impliquent de faire des choix courageux et respectueux des espaces naturels.
Les écologistes rappellent que l’avenir du Grand Paris et de la région Île-de-France ne sera assuré que dans le respect de l’ensemble des territoires et de leurs habitants. Un signal fort doit être adressé aux habitants de la grande banlieue et des zones rurales, qui ne bénéficieront pas tous des nouvelles infrastructures mais qui continueront de payer plus chers leurs abonnements et leur titres des transports. Cet acte d’égalité et de justice territoriale est le Pass navigo à tarif unique. C’est la prochaine étape et la priorité numéro 1 des élus écologistes franciliens.
Les élus écologistes prennent acte du rééquilibrage exprimé par Jean-Marc Ayrault vis à vis du projet de loi de décentralisation transmis récemment au Conseil d’Etat. Le Premier ministre a en effet largement insisté sur le rôle stratégique de la Région Île-de-France dans l’aménagement du territoire, citant le SDRIF (Schéma directeur Île-de-France 2030) et insistant sur la dimension régionale des futurs schémas d’organisation de l’habitat. En ce sens, Jean-Marc Ayrault valide les objectifs politiques de lutte contre l’étalement urbain et de construction de la ville durable de demain.
Les élus écologistes continueront à défendre l’égalité entre les territoires plutôt que la compétition internationale à tout prix. Ils seront également vigilants à ce que la réforme territoriale renforce la légitimité démocratique des futures institutions, en particulier à travers la simplification du millefeuille administratif actuel.
Groupe EELV au CRIdf