Quitter son domicile, lorsqu’on est victime de Violences Conjugales, est une épreuve durissime qui requiert un immense courage. La parole des femmes se libère. Encore faut-il que les institutions s’adaptent. Cette aide d’urgence versée à ces victimes est un bon début.
Intervention en séance : https://youtu.be/1Zw9m9CU1Es
Intégralité du texte prononcé :
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Rapporteur,
Cher.e.s collègues,
Comme le souligne le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, « l’autonomie financière est une condition pour reprendre sa vie en main » A fortiori lorsqu’il s’agit des femmes victimes de violences conjugales.
Reprendre sa vie en main est un long parcours. Il faut d’abord qu’elles soient écoutées et qu’on prenne en considération ce qu’elles disent, les mots et les souffrances qui les accompagnent. Elles cherchent aussi une protection pour enfin envisager de se reconstruire. La mise en place de cette avance d’urgence pour les victimes de violences conjugales incite à emprunter cette voie, si difficile soit-elle. Une pierre qui s’ajoute à la construction d’une culture de la protection si défaillante actuellement.
Pour plus de 350 000 interventions par les forces de l’ordre au domicile des familles, seuls 79 000 procès-verbaux de renseignement judiciaire et mains courantes ont été déposés en 2019. La faille réside dans cet écart. S’il y avait eu une prise en charge à temps, on aurait pu éviter quelques victimes.
Mardi j’ai rencontré Aïcha dans les locaux de « Halte aide aux femmes battues », un centre d’hébergement spécialisé. Voici son témoignage : « Mon mari me frappait. Il me disait « Maintenant que tu n’as plus ta famille je fais ce que je veux de toi ». Alors un jour, je suis partie avec un bébé dans le ventre, un dans les bras, mes claquettes et rien d’autre. Pendant 2 ans je n’ai pu toucher aucune aide. »
Conjointement à la colère des femmes dont les signalements ne sont pas toujours entendus, il est heureux, si l’on peut s’exprimer ainsi, que l’actualité porte le sujet qui nous réunit aujourd’hui… En réalité, la relative libération de la parole des femmes oblige les institutions à agir dans le bon sens : ce que fait ce texte. Il est temps que les victimes de violences conjugales soient guidées dans leurs démarches administratives et judiciaires, leur seul courage ne suffit pas. Leur situation précaire et leur vulnérabilité, entretenues par des mécanismes d’emprise physique, psychologique et financière, aboutissent en fin de compte à leur isolement.
Si elle est votée, cette aide sera d’une grande utilité, aussi bien pour les victimes de violences conjugales que pour leurs enfants. Je voterai pour ce texte. Je vous remercie.
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI