« Femmes, vie, liberté »: le Sénat fait sien le slogan des Iraniennes

« Femmes, vie, liberté », ce slogan scandé dans les manifestations en Iran a résonné de nombreuses fois mercredi dans l’hémicycle du Sénat qui a organisé un débat sur les « atteintes aux droits des femmes et aux droits de l’homme en Iran ».

Le président de séance Alain Richard (RDPI à majorité en Marche) a indiqué qu’avec ce débat, le Sénat souhaitait « rappeler la mémoire de Mahsa Amini, décédée le 16 septembre dernier en Iran, après avoir été arrêtée pour une mèche de cheveux qui dépassait de son voile, et celle de Hadis Najafi, exécutée par la police parce qu’elle réclamait sa liberté en tant que femme et Iranienne ».

« Faisons nôtre ce slogan +Femmes, vie, liberté+ », a appelé la présidente de la délégation aux Droits des femmes, Annick Billon (centriste), pour qui « la communauté internationale (…) doit envoyer un signal fort et unanime pour soutenir cette contestation historique ».

Fait inhabituel au Sénat, la sénatrice écologiste Mélanie Vogel a conclu son intervention en faisant entendre un extrait de « Baraye » de Shervin Hajipour, hymne officieux du mouvement.

Ce qui se passe aujourd’hui en Iran « n’est pas une révolte, c’est une révolution, une révolution pour la démocratie, pour la justice, contre la tyrannie religieuse, une révolution pour les femmes, pour la vie et pour la liberté », a-t-elle dit.

L’hémicycle du Sénat a aussi résonné des appels à agir. « Que fait la France ? », a interrogé la sénatrice de Paris Esther Benbassa, regrettant que le débat se tienne en petit comité.

« Nous ne pouvons rester sans réaction et nous tenir à l’écart de ce qui est plus qu’un simple soubresaut de l’Histoire, même si nos moyens d’action (…) sont très limités », a abondé Joëlle Garriaud-Maylam (LR).

« Nous avons lancé dès la semaine dernière avec nos partenaires européens des travaux afin de sanctionner les auteurs de la répression, il s’agira de geler les avoirs et d’interdire le droit de voyager aux individus identifiés comme responsables des violences », a rappelé la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, ajoutant espérer « que ce soit fait d’ici 8 à 10 jours ».

La question du port du voile en France a aussi été évoquée.

« C’est un coup de poignard dans le dos de ces combattantes qu’enfoncent certaines néo-féministes en condamnant toute critique du voile au prétexte de ne pas nourrir l’islamophobie », a affirmé le président du groupe Indépendants Claude Malhuret, citant notamment Sandrine Rousseau.

« +Femme, vie, liberté+, un beau slogan, en France comme ailleurs », a déclaré Valérie Boyer invitant à avoir « le courage et de la cohérence, c’est-à-dire soutenons les femmes iraniennes, mais refusons aussi ces marques d’infériorisation dans notre pays ».

« Personne n’est libre dans un pays où les femmes ne le sont pas », a souligné la socialiste Laurence Rossignol, appelant à ne « pas poursuivre nos discussions franco-françaises (…) aujourd’hui en saisissant le prétexte de la révolte en Iran ».

vm/arz/mpm

© Agence France-Presse