Pendant que les deux candidats débattaient à la télévision, de nombreuses personnalités politiques ont pris la parole sur les réseaux sociaux. Souvent pour dézinguer une confrontation terne et sans éclat.
Deux personnes auront marqué le débat. D’abord le magicien Gérard Majax, cité par Macron, et repris par les internautes toute la soirée. Et, plus surprenant, Jean-Luc Mélenchon. Pourtant absent de la joute télévisée, le troisième homme de la présidentielle, qui a échoué de peu à se qualifier au second tour, était omniprésent sur les réseaux sociaux. «Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Jean-Luc Mélenchon absent et ce débat est un désert», a tweeté l’élue insoumise Leïla Chaibi. Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, a quant à elle suggéré que le candidat de l’Union populaire fasse son entrée sur le plateau via son hologramme. Il ne reste «plus qu’une solution», selon elle : «Mélenchon, reviens.» Ce dernier ne s’étant, lui, exprimé qu’en toute fin de soirée : «Quel gâchis, le pays méritait mieux. Vivement le troisième tour», a-t-il lancé en référence à sa déclaration de la veille. Il espère créer la surprise aux législatives et s’imposer comme le Premier ministre de cohabitation du président élu dimanche.
«Qu’est-ce qu’on s’emmerde»
Dans un débat fade et sans éclat, les principaux coups contre les deux candidats auront été portés sur leur gauche. Facile, elle n’était pas représentée. «Ni le président des riches ni la démagogue des pauvres n’imaginent une seconde prendre dans les coffres-forts des milliardaires, a jugé l’ancienne candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud. De toute façon, prononcer les mots de milliardaires et de capitalistes, ça leur écorcherait la bouche.»
L’un des thèmes très attendus des électeurs de gauche : l’écologie. Quelques minutes lui ont été consacrées. Pourtant, «aucun des deux n’a lu le rapport du Giec», a rapidement soulevé Sandrine Rousseau, finaliste de la primaire écologiste avec Yannick Jadot. Elle a indiqué vouloir exprimer des messages «positifs». «Mais j’ai du mal», a-t-elle dû reconnaître. Tout juste Rousseau a-t-elle assuré qu’il n’y avait «pas de doute ce soir». Marine Le Pen est «bien une candidate d’extrême droite, raciste et décomplexée», a-t-elle écrit sur Twitter. Le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel va dans le même sens. Au gré de discussions sur le voile ou sur l’immigration, le vrai visage de la candidate est apparu, estime l’élu. «Il a fallu attendre 23 heures passées pour que Marine Le Pen rappelle que le mépris de race fait partie intégrante de son programme d’extrême droite», a indiqué Coquerel.
Alors, ennuyeux ce débat ? «Qu’est-ce qu’on s’emmerde, il faut bien le dire», a estimé la sénatrice ex-EE-LV Esther Benbassa, non sans humour. «On devrait peut-être lancer un sondage pour savoir qui a réussi à tenir deux heures et demie», a-t-elle aussi dit.
«Cette campagne laisse un terrible goût d’inachevé», a tranché le député ex-LREM Aurélien Taché. Selon lui, «Emmanuel Macron n’aura vraiment eu à rendre compte de son bilan qu’une seule fois, face à une candidate d’extrême droite repeinte en tribunicienne».
«Marine Le Pen est nulle»
A droite et au centre, les réactions ont été moins nombreuses et souvent plus mitigées. Assez logiquement, chaque camp soutient son poulain. Les macronistes relèvent que «Marine Le Pen a révélé son incapacité à diriger et sa dangerosité pour la France». Elle est «incompétente et menteuse», a même ajouté le député LREM Sacha Houlié. L’ancien Premier ministre Edouard Philippe a adopté une position, il faut le dire, à contre-courant. Selon lui, le débat a été «utile et assez éclairant». «Il a permis de montrer deux styles, deux programmes, deux personnalités», a aussi déclaré le maire du Havre sur RTL jeudi matin.
D’anciens candidats comme Valérie Pécresse (LR), Eric Zemmour (Reconquête) ou Fabien Roussel (PCF) se sont montrés bien silencieux tout au long de la soirée.
Nicolas Dupont-Aignan, leader de Debout la France, qui s’était furtivement rallié à Le Pen dans l’entre-deux-tours en 2017, a vu en Macron «un petit coq agité et prétentieux» et en la candidate du RN «une femme digne et humaine». «Mon choix est fait», a conclu Dupont-Aignan, du haut de ses 2,1% obtenus le 10 avril. Comme s’il subsistait un doute. Le maire de Perpignan et soutien de la candidate RN, Louis Aliot, a quant à lui «trouvé Emmanuel Macron très agressif, très approximatif et même un peu fantaisiste sur les chiffres». Il a également reproché au Président sortant d’être un «candidat sans programme». «A l’issue du débat nous ne savons pas ce que veut Macron», a-t-il terminé.
Gilbert Collard, soutien d’Eric Zemmour, a déploré un débat «lunaire». «Les gens zappent» après quelques minutes de débat «et on n’a rien entendu sur McKinsey, peu sur les Gilets jaunes, rien sur les privations de liberté, rien sur l’insécurité, sur l’immigration». Ces deux derniers thèmes étant ses favoris. Quant au très médiatique avocat Fabrice Di Vizio, figure de l’opposition au pass vaccinal qui a annoncé son souhait de voter pour la candidate RN, il a tapoté : «Marine Le Pen est nulle, absolument nulle.» Si lui-même le dit…