« Notre lutte contre l’antisémitisme ne doit laisser place à aucune ambiguïté. Pourquoi dès lors isoler le phénomène en focalisant l’attention sur la critique d’Israël ? »
La PPR Lutte contre toutes les formes d’antisémitisme était en discussion en séance publique au Sénat le 5 octobre 2021.
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=EJdWnHz-qMY
Intégralité du texte prononcé :
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Cher⸱e⸱s Collègues,
L’exposé des motifs de cette PPR précise son but : caractériser l’antisémitisme « contemporain ».
De fait, les préjugés antijuifs perdurent en se renouvelant : Juifs riches et assoiffés de pouvoir, Juifs responsables de tous les maux Covid compris…
Les pancartes brandies par certains antivax et antipass rappellent les accusations médiévales contre les Juifs propagateurs de la peste et empoisonneurs de puits.
Notre lutte contre l’antisémitisme ne doit laisser place à aucune ambiguïté. Pourquoi dès lors isoler le phénomène en focalisant l’attention sur la critique d’Israël ?
En 2015, au lendemain de l’offensive meurtrière contre Gaza, M. Netanyahou se lance dans la promotion d’une idée simple : antisionisme égale antisémitisme. Son principal interlocuteur est l’IRHA, organisme intergouvernemental regroupant 31 États.
En mai 2016, l’IRHA adopte la définition de l’antisémitisme dont nous débattons.
Non contraignante sur le plan juridique, elle demeure un outil de propagande et d’intimidation. En témoignent les pressions exercées par les lobbies pro-israéliens pour la faire adopter par le plus grand nombre possible de municipalités, de partis, d’États.
Le 16 Juillet 2017, à la fin de son discours lors de la cérémonie en mémoire de la rafle du Vel d’Hiv, Emmanuel Macron déclarait : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme car c’est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Voilà le type de confusions qu’entretiennent les exemples accompagnant la définition de l’IHRA.
Notre PPR est plus claire que celle présentée à l’Assemblée par Sylvain Maillard. Le mot antisionisme n’apparaît heureusement pas dans l’exposé des motifs.
La définition de l’IHRA me semble pourtant insuffisante et peu éclairante pour qui veut en faire usage.
J’aurais préféré que soit retenue la Déclaration de Jérusalem, élaborée par des universitaires et approuvée par des centaines de spécialistes de l’histoire des Juifs et de l’antisémitisme dans le monde. Elle établit des critères non ambigus pour identifier les situations où la critique, l’hostilité à Israël ou au sionisme, versent dans l’antisémitisme. Elle offre de fait les clés pour interpréter la définition de l’IHRA.
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI