Le Sénat rejette une proposition de loi écologiste pour un « élevage éthique »

Accès au plein air pour tous les animaux d’ici vingt ans, plafonnement de la durée maximale de transport : le texte , en adéquation avec les « demandes des jeunes et des consommateurs », selon la sénatrice verte Esther Benbassa, n’a pas séduit la chambre haute. 

Le Sénat à majorité de droite a rejeté mercredi une proposition de loi écologiste pour «un élevage éthique, juste socialement et soucieux du bien-être animal», mettant « le bien-être des éleveurs » en regard de ses « objectifs nobles ».

Porté par Esther Benbassa, le texte a été examiné dans le cadre d’une « niche » parlementaire réservée au groupe écologiste. La sénatrice a regretté que la chambre haute « soit si loin des demandes de la population, des demandes des jeunes, des demandes des consommateurs », alors que le bien-être animal semblait devenu le nouveau dada des politiques.

Interdire le broyage de poussins mâles

Le texte proposait un dispositif pour parvenir progressivement à un élevage offrant un accès au plein air à tous les animaux d’ici 2040. Il visait aussi à plafonner la durée maximale de transport d’animaux vivants dans l’Hexagone à huit heures pour la majorité des espèces et à quatre pour les volailles.

La proposition de loi entendait également interdire toute élimination de poussins mâles par broyage ou gazage à compter du 1er janvier 2022. Le gouvernement avait promis il y a plus d’un an que cette pratique décriée serait interdite d’ici à « fin 2021 », mais la filière ne sera pas prête dans ce délai.

Le texte créait enfin un fonds de soutien à la transition pour le bien-être animal, afin d’accompagner les éleveurs. « En France, 80% des animaux sont dans des élevages intensifs. (…). Ces animaux subissent dans des fermes-usines des traitements cruels et parfois intolérables », a affirmé Esther Benbassa, soulignant que « les agriculteurs sont les premiers à pâtir de l’élevage industriel ».

Un contexte de «mal-être des agriculteurs»

La rapporteure du texte, Marie-Christine Chauvin (LR), a dit partager « pleinement les objectifs » du texte, mais a appelé à « être à l’écoute de nos éleveurs ». Soulignant les objectifs « nobles » du texte, Henri Cabanel (RDSE à majorité radicale) s’est interrogé sur « l’opportunité » de ce texte dans le contexte actuel de «mal-être des agriculteurs».

Il « favorise le soupçon à l’égard des agriculteurs et c’est regrettable », a accusé Marie Evrard (RDPI à majorité en Marche), pour qui « on ne peut pas prendre des cas isolés de maltraitance animale pour discréditer » tout l’élevage français. « Plutôt que de le dénigrer, respectons-le », a exhorté Laurent Duplomb (LR), éleveur de profession.Newsletter L’essentiel du matinUn tour de l’actualité pour commencer la journéeS’inscrire à la newsletterToutes les newsletters

« Le temps de l’agriculture est long, il faut assurer des transitions adaptées au marché, sans quoi nous serons rapidement confrontés à une augmentation de produits importés à moindre coût venant de pays qui ne respectent pas nos principes », a fait valoir Alain Griset, ministre chargé des PME. Le ministre a profité de l’occasion pour confirmer « l’intention » de voir la proposition de loi contre la maltraitance animale inscrite à l’ordre du jour du Sénat « avant la fin de l’année ».

Lien de l’article : https://www.leparisien.fr/environnement/le-senat-rejette-une-proposition-de-loi-ecologiste-pour-un-elevage-ethique-26-05-2021-JUMELCYN6JAJ5IL27XNMIQGJBU.php