Tribune : Halte aux sanctions contre Ahmed, réprimé pour avoir dénoncé les violences sexistes à la RATP

Ahmed Berrahal, syndicaliste, est menacé de licenciement par la RATP, alors qu’il a déjà essuyé plusieurs offensives de sa direction. Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot, Assa Traoré et un large ensemble de personnalités, organisations et syndicalistes « s’opposent avec force à cette volonté de la RATP de faire taire les syndicalistes combatifs ». Ahmed Berrahal « est un lanceur d’alerte qu’il faut absolument protéger pour qu’il continue son travail militant. »

Convoqué en conseil de discipline le 10 mai, Ahmed Berrahal est de nouveau menacé de licenciement par la RATP, alors qu’il a déjà essuyé plusieurs offensives de sa direction ces dernières années. Référent harcèlement et militant CGT, Ahmed est aujourd’hui accusé de harcèlement moral contre un responsable hiérarchique du centre bus de Flandre. Cette méthode vise-t-elle à camoufler le silence assourdissant de la RATP sur le harcèlement sexiste et sexuel dénoncé par de nombreuses femmes dans l’entreprise afin que « l’image de marque » que veut la direction ne soit pas écornée? Face à une grossière tentative de déstabilisation d’un syndicaliste combatif, Ahmed a reçu des dizaines de soutiens de conductrices de bus RATP victimes de harcèlement sous toutes ses formes, qui n’ont pas hésité à témoigner par des vidéos poignantes.

Parce que le harcèlement sexuel n’est pas une fatalité, Ahmed Berrahal a décidé d’en parler et de dénoncer ce mal qui gangrène notre société. Un fléau qu’on retrouve dans beaucoup d’entreprises, notamment à la RATP où travaille Ahmed depuis 17 ans. Le féminisme est une cause qu’Ahmed a toujours défendue au sein de la RATP. Gardes d’enfants, grossesse, isolement… sont autant de problématiques sur lesquelles Ahmed intervient au quotidien pour rendre la vie des femmes au travail plus facile. Il a mis la direction face à ses responsabilités en envoyant la main courante d’une salariée faisant état d’une agression sexuelle, qu’elle aurait subie de ce même supérieur hiérarchique qui accuse aujourd’hui Ahmed de harcèlement moral. On lui reproche d’avoir diffusé à sa direction cette déclaration alors qu’il n’a fait que l’alerter en tant qu’élu, secrétaire de la Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT) et référent harcèlement. En procédant de la sorte, la RATP montre qu’elle est plus prompte à attaquer les représentants du personnel qui combattent sa politique. 

Empêché, entravé dans ses propres mandats et maintenant menacé de révocation, Ahmed n’a jamais baissé les bras et a toujours obtenu gain de cause aux Prud’hommes. Il est accusé de harcèlement envers sa direction mais la réalité des faits montre que c’est bien lui qui fait l’objet d’attaques répétées, la RATP allant jusqu’à payer un cabinet d’avocats plusieurs milliers d’euros pour mener une enquête à charge contre lui. La répression syndicale menée par la direction de la RATP depuis les grèves contre la réforme des retraites s’est abattue sur de nombreux militants de la grève, comme Alexandre El Gamal aujourd’hui sous le coup d’une scandaleuse procédure de révocation.

Nous nous opposons avec force à cette volonté de la RATP de faire taire les syndicalistes combatifs, qui vise à préparer le terrain pour la privatisation de l’entreprise et la casse du service public des transports.

Ahmed Berrahal est un lanceur d’alerte qu’il faut absolument protéger pour qu’il continue son travail militant. Il a donné sa vie au militantisme, à la cause féministe en tant que syndicaliste de terrain et rien que pour ça, nous devons tous nous mobiliser pour faire valoir le bon droit face au cynisme de sa direction.

Lien de l’article : https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/210421/halte-aux-sanctions-contre-ahmed-reprime-pour-avoir-denonce-les-violences-sexistes-la