20 septembre 2020 | Le Journal du Dimanche
Forts de leurs bons résultats aux élections municipales, les écologistes ont pour objectif de reconstituer un groupe au Sénat, après le scrutin de ce dimanche.
Pour les écologistes, avoir un groupe parlementaire est presque un lointain souvenir. C’était l’époque de la présidence Hollande : entre 2012 et 2016 à l’Assemblée nationale, entre 2012 et 2017 au Sénat. Mais les querelles internes, les départs des uns et des autres, ainsi que certains rapprochements avec La République en marche avaient abouti à leur disparition. Il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul élu EELV encarté au Parlement, la sénatrice Esther Benbassa. Dimanche, les Verts pourraient signer le retour d’un groupe au palais du Luxembourg, alors que ce dernier renouvelle 172 de ses membres (sur 348). « Il y aura un groupe écologiste. Nous sommes vraiment sûrs d’avoir quatre élus de plus, sauf grosse erreur », estime auprès du JDD le sénateur
Ronan Dantec (ex-EELV), qui siège aujourd’hui dans le groupe RDSE tout comme l’écologiste Joël Labbé.
Le seuil minimal pour former un groupe au Sénat est fixé à 10, contre 15 à l’Assemblée nationale.
Gironde, Rhône, Bas-Rhin…
Les sénatoriales tirent la « conséquence » des élections municipales, puisque le collège de « grands électeurs » est formé à 95% de représentants des conseils municipaux. Alors pour les Verts, les regards se tournent vers la Gironde (6 sièges à pourvoir), le Rhône (7 sièges) ou encore le Bas-Rhin (5 sièges). « Avec les victoires à la métropole et à Lyon, nous sommes plutôt confiants. On est sur la même dynamique, on y va avec la même ambition », confie Thomas Dossus (EELV), tête de la liste d’union de la gauche et des écologistes dans le Rhône. « Actuellement, la droite a 4 élus + 1 centriste, la gauche 2. L’enjeu est d’en gagner 1 ou 2 sur la droite », explique celui qui devra quitter son poste d’adjoint à la mairie du 7e arrondissement de Lyon.
C’est la règle des sénatoriales qui privilégie les petits territoires. Il faut faire le boulot, battre la campagne
« On sent que c’est le moment, qu’il y a une vraie opportunité », complète de son côté Jacques Fernique (EELV), qui mène la liste d’union dans le Bas-Rhin, où les écologistes ont remporté Strasbourg en juin. « Strasbourg, c’est un peu moins de 400 grands électeurs sur 2.791. C’est la règle des sénatoriales qui privilégie les petits territoires. Il faut faire le boulot, battre la campagne », explique ce dernier. Beaucoup de grands électeurs sont effet des élus « sans étiquette ». Jacques Fernique préfère rester prudent : « Ce n’est pas une élection qui se joue uniquement sur l’air du temps politique. Je ne pense pas qu’il arrivera à Antoine Herth, le candidat soutenu par Agir et LREM, la même chose qu’aux législatives partielles. »
Entre 10 et 15 élus écologistes?
En Gironde, où neuf listes s’affrontent, les écologistes espèrent aussi emporter un siège avec Monique de Marco (EELV). Parmi les autres départements cibles : l’Ille-et- Vilaine et la Haute-Savoie. « On n’ira pas à quinze sénateurs, mais on va être entre 10 et 15 », résume Hélène Hardy, déléguée aux élections chez EELV et membre du bureau exécutif.
Si groupe il y a, l’actuelle élue parisienne Esther Benbassa (EELV, groupe CRCE) en sera, tout comme Guillaume Gontard (groupe CRCE), mais aussi Sophie Taillé-Polian (Générations, groupe SOCR). Parmi les élus déjà en place, Ronan Dantec dit avoir « deux ou trois autres noms en tête ».
« Maintenant que nous avons gagné plusieurs grandes villes, l’objectif est de revenir en groupe au Parlement. On est déterminés à ce que les sénatoriales se passent de manière positive pour les écologistes et qu’on aboutisse à un groupe », déclare de son côté Esther Benbassa, qui voit cette élection comme « une étape » avant les échéances de 2021 et la présidentielle de 2022. Elle imagine un « groupe divers, avec des opinions diversifiées ». Avec un « pilier EELV » et un « non EELV », poursuit Ronan Dantec (Loire- Atlantique). « Sans aller jusqu’à LREM et LR! », renchérit la première.
La question de l’orientation politique
En juillet dernier, le Conseil fédéral d’Europe Ecologie – Les Verts adoptait une motion cadre relatif aux sénatoriales : « L’objectif de cette élection est de reconstituer un groupe écologiste au Sénat. Ce groupe doit être cohérent et sans ambiguïté dans son engagement collectif pour l’écologie et la justice sociale », pouvait-on y lire.
Avoir un groupe c’est avoir les moyens de porter nos idées, cela ouvre un grand champ
Que ce soit à l’Assemblée ou au Sénat, avoir un groupe donne des perspectives supplémentaires. « C’est évident que ce serait plus simple, en termes de prise de parole, de présence dans les commissions d’enquête, les missions d’informations… C’est un autre confort. » Même constat du côté d’Esther Benbassa : « Avoir un groupe c’est avoir les moyens de porter nos idées, cela ouvre un grand champ. »
Ces deux élus l’ont vécu entre 2012 et 2017. Ils pourraient d’ailleurs candidater à d’autres responsabilités. « Je compte me présenter à la présidence du groupe. J’ai l’expérience et je suis capable de remplir une telle fonction », explique ainsi Esther Benbassa. Trop tôt pour Ronan Dantec, qui estime qu’il faudra avant tout « construire un consensus », entre les élus EELV et les autres. « Il y a matière à ce qu’il y ait un groupe écologiste. Il ne reste plus qu’à faire le job pour le mettre en place. Il faudra travailler à son orientation politique, sa charte. Ce ne sera pas un groupe technique. On veut privilégier la cohérence au nombre », conclut Hélène Hardy. Ce ne sera pas forcément le plus simple.
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