3 septembre 2020 | Ouest France
Parmi les 100 milliards d’euros du plan de relance, 30 milliards concernent directement la transition écologique. La ministre Barbara Pompili évoque un « pas de géant » mais chez les défenseurs de l’environnement, les réactions à cette annonce sont plus nuancées.
« Un pas de géant pour la transition écologique. » La ministre Barbara Pompili n’a pas mâché ses mots au moment d’évoquer le volet dit de « verdissement » du plan de relance de l’économie, présenté ce jeudi 3 septembre par le gouvernement.
Dans l’enveloppe globale de 100 milliards d’euros, 30 milliards sont ainsi consacrés directement à la transition écologique. « Cela revient à doubler dans les deux prochaines années les investissements que consacre l’État à l’environnement », s’est félicité le Premier ministre Jean Castex.
Pour autant, certains nuancent ces annonces. « Ces 30 milliards sont les bienvenus mais il faut rester modeste, cela va surtout permettre de rattraper le retard que l’on a pris sur ces trois dernières années », juge Matthieu Orphelin, président du groupe Écologie démocratie solidarité à l’Assemblée nationale.
« Nettement insuffisant »
« C’est un coup de pouce mais il comporte certaines limites », estime aussi Meike Fink, du Réseau action climat France. « Le problème principal est que l’action est concentrée sur deux années alors que pour agir efficacement, il faut travailler sur la durée », poursuit-elle.
« On ne peut se réjouir de cet investissement ponctuel alors qu’il faudrait le même montant à chacune des dix prochaines années, c’est nettement insuffisant », regrette aussi le secrétaire national d’EELV Julien Bayou.
Parmi les mesures principales, le chef du gouvernement a annoncé une enveloppe de 6,7 milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments. Elle comprend quatre milliards pour la rénovation des bâtiments publics et deux milliards pour étendre le dispositif « MaPrimeRénov ».
« On est dans une simplification pour que les aides profitent au plus grand nombre » , reconnaît Matthieu Orphelin. Le député du Maine-et-Loire salue aussi l’investissement pour l’hydrogène vert à hauteur de deux milliards d’euros sur les deux prochaines années et cinq milliards à l’horizon 2030.
Développement du ferroviaire
De son côté, Meike Fink se réjouit de la prise en compte du sujet ferroviaire. 4,7 milliards seront dédiés sur deux ans, notamment au fret et aux trains de nuit. 1,2 milliard d’euros seront aussi consacrés aux transports en commun et au vélo.
En revanche, elle attend des clarifications du gouvernement sur le développement de la 5G ou sur la construction d’infrastructures routières. « Ce sont des lignes rouges pour nous », explique-t-elle.
L’autre point de tension est la baisse des impôts de production à hauteur de 10 millions par an. « Cela va profiter à toutes les sociétés, même aux grosses entreprises polluantes », regrette Meike Fink.
Absence de contreparties
« Dans le même plan, on mobilise 30 milliards d’euros pour la transition écologique, et on réduit de 20 milliards l’impôt de production pour les entreprises sur deux ans, sans contrepartie environnementale », pointe également du doigt la sénatrice écolo de Paris Esther Benbassa.
D’autant plus que contrairement aux investissements écologiques, la baisse des impôts est une mesure pérenne qui doit se poursuivre au-delà des deux ans du plan.
Lors des questions de la presse, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a toutefois laissé la porte ouverte à une négociation parlementaire sur le sujet. « J’ai entendu l’ouverture mais je crains que les contreparties ne concernent pas directement la baisse des impôts de production », estime Matthieu Orphelin.
En tant que tel, le député estime que le plan de relance « ne suffira pas à lui seul pour remettre la France sur la trajectoire des accords de Paris » et l’objectif d’attendre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Lien de l’article : https://www.ouest-france.fr/environnement/ecologie/transition-ecologique/le-plan-de-relance-fait-il-vraiment-la-part-belle-a-la-transition-ecologique-6959050