Remaniement ministériel : Jean Castex nommé Premier ministre

La nomination du haut fonctionnaire Jean Castex au poste de premier ministre a été confirmée par l’Élysée aujourd’hui, après la démission d’Édouard Philippe, de retour à la mairie du Havre.

« Le Président de la République a nommé M. Jean Castex Premier ministre, et l’a chargé de former un Gouvernement. » Après trois ans de bons et loyaux services, Édouard Philippe largue les amarres pour la mairie du Havre, quelques jours après sa victoire aux élections municipales, le 28 juin dernier. La nomination du haut fonctionnaire Jean Castex au poste de Premier ministre a été annoncée par l’Élysée sur Twitter, ce vendredi. « M. Édouard Philippe a remis ce jour la démission du Gouvernement au Président de la République, qui l’a acceptée », a fait savoir l’Élysée dans un communiqué officiel, ce vendredi. « Il assure, avec les membres du Gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination du nouveau Gouvernement », a précisé l’Élysée.

Jean Castex — le monsieur déconfinement nommé par Emmanuel Macron pour gérer la sortie de crise sanitaire — n’est pas nouveau de la politique. Venu du camp de la droite, l’ancien maire Les Républicains de Prades (Pyrénées-Orientales) a occupé, en 2011, le poste de secrétaire général adjoint de l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Son nom circulait déjà au moment de la nomination du ministre de l’Intérieur, après la démission de Gérard Colomb, en octobre 2018. Le choix s’était finalement porté sur Christophe Castaner. Homme de l’ombre de la macronie, Jean Castex a été choisi par Emmanuel Macron en avril pour gérer le déconfinement à partir du 11 mai dernier. 

UN VIRAGE À DROITE ?

Avant son poste de secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, le maire de Prades a travaillé au sein des ministères de la Santé et du Travail, aux côtés de Xavier Bertrand. « Je connais et j’apprécie les qualités de serviteur de l’Etat de Jean Castex. Elles sont indispensables dans les moments difficiles que nous allons connaître…», a salué Xavier Bertrand, dans un tweet publié ce vendredi, non sans un petit tacle à destination d’Emmanuel Macron. « Puissent-elles corriger les mauvais choix du Président de la République », écrit-il. La nomination de Jean Castex, au-delà d’amuser les utilisateurs de Twitter ironisant sur le « casse-tête » qui attend le nouveau premier ministre, a fait réagir la gauche comme la droite.

« Avec la nomination de Jean Castex, le président de la République confirme sans surprise son cap. Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant. Salutations républicaines à l’ancien et au nouveau premier ministre », a déclaré le patron du Parti socialiste, Olivier Faure. Le député LR Éric Ciotti s’est fendu d’un tweet acide à l’égard de son collègue LR Jean Castex, mais surtout d’Emmanuel Macron. « En nommant Jean Castex, dont la seule légitimité est technocratique, Emmanuel Macron dissout Matignon. Menacé par la popularité d’Édouard Philippe, il dérive désormais de plus en plus vers un pouvoir totalement personnel et autoritaire », accusé-t-il. Un sentiment partagé par la sénatrice EELV, Esther Benbassa. « Vous connaissez Jean Castex (…) ? En voilà un qui ne risque pas de faire de l’ombre à Emmanuel Macron par sa popularité. Le roi Macron régnera enfin seul. Reste à se débarrasser du Parlement… », a-t-elle dénoncé. 

L’arrivée de Jean Castex a néanmoins trouvé quelques défenseurs. « Je félicite Jean Castex de sa nomination à Matignon (…) Souhaitons qu’elle traduise un virage politique d’Emmanuel Macron vers plus de fermeté », a déclaré la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. Ceux qui attendaient un tournant social ou écologique, ou encore l’arrivée d’une femme à Matignon en sont pour leurs frais. Ils devront attendre la nomination du nouveau gouvernement en début de semaine pour juger de la direction dans laquelle s’oriente l’exécutif.