La vidéo tourne en boucle sur les réseaux sociaux. On y voit une femme noire, se disant enceinte, victime d’une interpellation violente à la gare d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) par des agents de la sûreté ferroviaire de la SNCF. Une séquence qui a provoqué l’indignation de nombreux internautes.
Sur les images, on voit une altercation entre la femme et l’un des agents, dont on ne connaît pas la cause. Ce dernier se saisit alors de la femme, avant de la plaquer au sol à l’aide de l’un de ses collègues. Tandis que l’agent est assis sur elle et tente de la menotter, elle hurle à plusieurs reprises «pas mon ventre». Son compagnon tente de s’interposer, en prévenant les agents qu’elle est enceinte. Mais ces derniers poursuivent leur interpellation musclée, sous les cris de la femme, au sol en train de se débattre. On voit même l’un des agents lui mettre un coup de pied à la tête.
je viens de filmer les agents de la SNCF en train de violenter une femme enceinte…. bande de raciste ( Aulnay-sous-Bois) pic.twitter.com/HnDKcNkfl0
— Roronoa Ali (@RoronoaAli1) June 16, 2020
La vidéo, vue un million de fois sur Twitter, a été extrêmement commentée, au point que le #enceinte a fait partie des sujets les plus discutés sur le réseau social mercredi. La violence de l’interpellation a notamment été dénoncée par la députée Insoumise (LFI) Danièle Obono, qui a mis cette affaire en parallèle avec l’interpellation musclée d’une infirmière lors d’une manifestation de soignants à Paris mardi. Toujours du côté des politiques, la sénatrice Europe Ecologie Les Verts (EELV) Esther Benbassa a partagé la séquence, avec en commentaire : «Jusqu’où ira-t-on ? Pas de sûreté sans éthique.»
1 jour en France, juin 2020
2 femmes. Une manifestante, soignante, asthmatique. Une voyageuse, dite enceinte.
Violemment interpellées, traînées puis plaquées au sol par des hommes "assermentés".
Pour faire respecter leur ordre & leur sécurité.
Leur monde d'après.#OnOublieraPas— Députée Obono (@Deputee_Obono) June 16, 2020
Une #femme #noire #enceinte violentée par la #sécurité de la #SNCF. Jusqu'où ira-t-on? Pas de sûreté sans #éthique. pic.twitter.com/fDLHgeexDJ
— Esther Benbassa ? (@EstherBenbassa) June 17, 2020
La chroniqueuse Hapsatou Sy et l’ex-journaliste Audrey Pulvar ont également fait part de leur colère. «Des agents qui ne sont même pas policiers se prennent pour des cow-boys», a fustigé la première, tandis que la seconde a déploré des images «difficiles à comprendre (et à regarder)».
L’ancienne star du football camerounais Samuel Eto’o a lui aussi réagi, qualifiant les agents SNCF de «bande de lâches». Le journaliste et écrivain David Dufresne, spécialisé dans les violences policières, a également signalé la séquence à la SNCF sur Twitter.
Bande de lâches.
Vous faites les mecs sur une femme en plus enceinte ?????????????@GroupeSNCF ????????????@SNCF ???????????? pic.twitter.com/EIokfVoCxz— Samuel Eto'o (@setoo9) June 17, 2020
allo @GroupeSNCF – c'est pour un signalement
Placage d'une femme enceinte par vigiles de la SUGE
Aulnay-sous-Bois, 17.6.20, source: @RoronoaAli pic.twitter.com/4VStjhPGYs
— David Dufresne (@davduf) June 17, 2020
Face au tollé suscité par la vidéo, la compagnie ferroviaire publique a publié un communiqué ce mercredi, dans lequel elle explique que «la personne mise en cause venait d’être verbalisée à trois reprises, notamment car elle ne portait pas de masque, qu’elle avait craché et qu’elle voulait prendre le train sans billet». Elle relate que les agents l’ont invitée à quitter la gare. «Devant son refus, et un comportement agressif, cette injonction de quitter la gare est devenue contraignante», poursuit la SNCF, qui souligne que «les images diffusées font suite à plusieurs morsures et griffures subies par les agents de la sûreté ferroviaire», dont deux sont «en ITT de 5 jours et un de 7 jours».