Cet éleveur bio nous explique pourquoi il croit au retour des petites exploitations (Huffington 23/02)

Cet éleveur bio nous explique pourquoi il croit au retour des petites exploitations

Yves de Fromentel, un éleveur et agriculteur bio, transforme lui-même son lait afin de pouvoir le vendre au prix juste.

AGRICULTURE – Alors que la grand-messe de l’agriculture a ouvert ses portes samedi 22 février, quelques agriculteurs ne se retrouvent pas dans le tableau dépeint par ces éleveurs ou céréaliers au Salon de l’AgricultureLe HuffPost a rencontré l’un d’entre eux, dans sa ferme de Pécy, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.

Yves de Fromentel a choisi la voie d’une agriculture plus éthique. Depuis 2009, son exploitation de 170 hectares est bio, et il ne se rend pas au salon essentiellement par manque de temps. “Mais il y a des petits éleveurs qui y vont, des passionnés. Après, il y a vraiment une partie qui est très business, très commerce”. Et c’est dans cette agriculture-là qu’Yves ne se reconnaît pas.

En 2009, il a entrepris le changement pour une alimentation plus saine et pour respecter le bien-être animal. Mais aussi son bien-être à lui. Son exploitation est bioholistique, c’est-à-dire qu’il vise l’équilibre biologique naturel des plantes et des animaux. Ainsi, ses vaches élevées pour leur lait sont nourries au foin et à l’herbe. Leurs déjections servent ensuite de fumier pour ses plantations et sa qualité permet de tenir éloignés les insectes nocifs et les maladies, avec l’aide de quelques plantes bien choisies.

Pour lui, les consommateurs sont en train d’initier un changement. En refusant d’acheter des produits de moindre qualité ou en allant faire ses courses directement auprès des producteurs.

Vers une évolution de la législation?

Et les politiques ne font pas la sourde oreille devant ce changement. Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris, a ainsi déposé un projet de loi au Sénat, intitulé “Pour un élevage éthique, socialement juste et soucieux du bien-être animal”, accompagné d’une pétition. Dans celui-ci, elle propose notamment l’arrêt de la castration à vif des porcs, l’interdiction du broyage des poussins et la mise en place d’abattoirs mobiles.

En attendant qu’un quelconque texte contraignant soit adopté, Yves de Fromentel a choisi, de son côté, de subvenir seul aux besoins de son exploitation. “Si je vendais à un industriel, je ne m’en sortirais pas”, affirme-t-il.

Alors, son lait, c’est lui qui le transforme. Dans le corps de ferme que sa famille occupe depuis sept générations, il a choisi de créer une fromagerie. Ses employés confectionnent les produits laitiers à partir du lait récolté. Les yaourts, fromages, crèmes ou encore laits sont ensuite vendus dans la petite boutique attenante, qui vend également d’autres produits artisanaux de producteurs locaux.

Pour lui, c’est là le secret de la survie de l’agriculture paysanne. “Mon lait, la fromagerie l’achète 60 centimes. Il coûte 50 centimes à produire”, explique-t-il, ”ça me permet de tenir”. Dans sa fromagerie, il peut ainsi pratiquer des prix justes, à peine suffisants pour permettre à son exploitation de continuer à tourner. Il nous l’affirme, c’est dans ce modèle qu’une alimentation de meilleure qualité et respectueuse du bien-être animal trouvera son salut.

Le vrai défi qui s’impose aux futures générations d’agriculteurs, c’est d’essayer de composer avec la législation en vigueur. Il nous explique avoir investi 220.000 euros pour pouvoir créer sa propre fromagerie. “J’aurais pu le faire avec 50.000 euros, ça aurait été tout aussi bien, mais il y a les normes, et on est obligés de s’y conformer”.

Son espoir pour demain: que la jeunesse s’empare de ces méthodes d’agriculture ancestrales. “L’objectif de notre métier, c’est de bien vous nourrir. Le paysan, c’est le premier acteur de votre santé, c’est ça le sens de notre métier”, conclut-il.