« En Conseil des ministres, nous n’avons presque pas parlé des retraites, le vrai sujet a été la crise iranienne ». Cet aveu, fait par un secrétaire d’État, hier matin, à La Dépêche, en dit long sur l’état d’esprit du gouvernement alors qu’au même moment se tenaient d’énièmes négociations au ministère du travail. Fermeté et sérénité semblent être devenues, en ces temps de forte houle, les deux mantras du gouvernement.
En apparence, hier, l’exécutif a pourtant semblé ouvrir une porte à Laurent Berger. Le leader de la CFDT souhaite réunir une conférence de financement afin de sortir l’âge pivot du texte de loi actuellement discuté. « Je suis ouvert sur les modalités », assurait, hier, sur RTL, le locataire de Matignon. Peu après, il annonçait avoir proposé aux partenaires sociaux de se retrouver vendredi à Matignon pour déterminer le « contenu » d’une telle conférence. Pas assez pour Laurent Berger qui est ressorti, hier, des négociations au ministère du Travail en saluant « la volonté d’ouverture » du gouvernement mais estimant qu’il fallait continuer à se mobiliser. Il a annoncé que son syndicat serait sur les rangs en région, samedi, date de la manifestation choisie par l’intersyndicale. « Cette ouverture, il faut qu’elle aille plus loin en rejetant maintenant du projet de loi la question de l’âge pivot », a-t-il déclaré à l’issue des discussions.
Car si l’exécutif semble approuver, sur la forme, la proposition de la CFDT, il n’entend pas retirer l’âge pivot du projet de loi. « On ne lâchera rien. Ce serait une erreur car on nous reprocherait de ne pas dire comment on finance. On nous soupçonnerait de cacher un truc, ce serait une façon de propager les peurs. Et puis on ne va pas repartir pour 6 mois de négos », assurait, hier, à La Dépêche, un secrétaire d’État très proche d’Emmanuel Macron. Et d’ajouter : « On va voir si les syndicats réussissent à mobiliser jeudi et samedi, si ça n’est pas le cas on en sortira plus forts ».
En Conseil des ministres, lundi, le chef de l’État s’est, lui aussi, montré déterminé d’autant que les membres du gouvernement sont revenus de vacances en constatant que les grèves n’impactaient pas la province. « Il nous a dit : ce que j’ai entendu pendant mes vacances c’est : tenez bon ! », assure un participant à La Dépêche. À en croire ce ministre, proche du cœur du pouvoir, l’exécutif est prêt à faire perdurer le bras de fer encore trois semaines. « La paie de fin janvier, quand elle va tomber, va tout changer », assure-t-il, confiant, ajoutant « je ne vois pas d’issue avant ».