EELV: Unité, leadership et alliances, les défis des écologistes avant leur congrès de samedi

POLITIQUE A quelques mois des élections municipales, les écologistes d’EELV veulent afficher leur unité avant la désignation samedi de leur nouveau secrétaire national et son équipe.

Après un joli score aux élections européennes (13.48 %, 13 sièges), Europe Écologie Les Verts souhaite confirmer aux municipales de mars prochain pour bien préparer la présidentielle 2022. Trop souvent minés par des divisions internes, les écolos souhaitent mettre en scène l’unité du parti, avant la désignation de leur nouveau secrétaire national et son équipe, lors du Congrès samedi. Trois défis restent toutefois à relever.

Balayer les éternelles divisions internes

Le 16 novembre, lors du premier tour, la motion de Julien Bayou et Sandra Regol, soutenue par l’ancien patron David Cormand, est arrivée largement en tête (42,9 %). Les actuels porte-paroles du parti souhaitent depuis rassembler les trois autres motions autour d’un texte « de synthèse » et s’éviter un deuxième tour. « Notre devoir est l’unité, et d’arrêter les querelles intestines, même si du dire au faire, il y a toujours une marge », souffle Sandra Regol.

Mais l’unité n’est jamais facile à trouver chez les écologistes. Les trois autres candidats, l’ex-députée Eva Sas (26,2 %), le secrétaire national adjoint Alain Coulombel (21,6 %), et le membre du bureau exécutif Philippe Stanisière (8,5 %) ont fait monter la pression en se liguant pour élaborer un texte commun.

« Il faut trouver un consensus avant samedi. Mais une alliance des trois motions minoritaires, ce serait un coup d’Etat. Quelle serait leur légitimité ? », s’agace la sénatrice Esther Benbassa, soutien de Julien Bayou. Ce dernier garde toutefois espoir : « On a montré qu’on était capable d’organiser un débat interne, sans boules puantes ni noms d’oiseaux. Certains partis en sont incapables. Je ne doute pas qu’on trouvera une ligne de rassemblement, même si ça n’arrive que samedi matin ».

Trancher la ligne et la question des alliances pour les municipales

Après l’échec de l’alliance à Benoît Hamon pour la présidentielle, Yannick Jadot avait pris aux européennes la tête d’une liste autonome, refusant toutes les approches d’union de la gauche. Forts de ce « succès », les écolos maintiennent en partie cette stratégie : affirmer l’autonomie politique et la primauté de l’écologie pour les prochaines élections. Le mouvement souhaite ainsi présenter des listes dans la quasi-totalité des 40 plus grandes villes de France.

« On fera des alliances avec ceux qui promeuvent un projet écolo. Suivant les ancrages territoriaux, ce ne sont pas les mêmes personnes. Notre ligne c’est de sortir du bipartisme, et de parler à un électorat écolo, au centre, peut-être même parfois à droite, mais en gardant des valeurs très ancrées à gauche », démine Sandra Regol. Une direction qui ne ravit pas forcément l’aile gauche du parti, inquiète d’un rapprochement vers le centre. « Notre ADN n’est pas à droite, nous n’irons pas vers eux ni LREM pour la victoire. Le projet est de réunir les forces de gauche », réplique Esther Benbassa.

Assumer d’avoir un chef

Depuis les Européennes, Yannick Jadot semble faire figure de chef de file du mouvement, au risque de recevoir les critiques de certains de ses amis. Cet été, le secrétaire national David Cormand mettait ainsi en garde contre «la tentation de l’arrogance», sans jamais le citer.

« Les écologistes n’aiment pas vraiment les chefs, ni la présidentielle d’ailleurs. Yannick Jadot paye un peu cette image de leader médiatique, d’autant qu’il n’a pas réellement de statut particulier [il est eurodéputé] », indique Daniel Boy, politologue spécialiste de l’écologie politique au Cevipof. « Il y a également cette méfiance car Jadot vient du mouvement environnemental, c’est un ancien de Greenpeace, il est accusé de n’être pas assez à gauche, comme Nicolas Hulot à une autre époque ». Son profil semble toutefois aujourd’hui s’imposer. Esther Benbassa, qui n’a pas toujours été tendre avec lui, l’assure : « Notre regard se tourne vers lui, c’est normal après les Européennes. C’est vrai que ce serait un candidat légitime ».