Reporterre : La PMA, un débat toujours en gestation chez les écolos

La PMA, un débat toujours en gestation chez les écolos

Durée de lecture : 18 minutes

La procréation médicalement assistée suscite des controverses y compris au sein des écologistes. Place de la technique, marchandisation, « naturel » ou pas, désir d’enfant : Reporterre a passé en revue les thèmes qui font débat.

Ce mardi 24 septembre, la loi de bioéthique sera examinée en séance plénière à l’Assemblée nationale. Les députés débattront entre autres de l’élargissement de l’accès à l’assistance médicale à la procréation (AMP, plus connue sous l’acronyme PMA, procréation médicale assistée) pour les couples de femmes et les femmes célibataires. Les débats s’annoncent houleux… y compris entre les écologistes. Entre les proches d’Europe Écologie-Les Vert (EELV), les critiques de la technique et les écologistes catholiques , difficile de se mettre d’accord.

« Les écologistes peuvent s’opposer à la PMA pour plusieurs raisons, explique Noël Mamère, ancien député écologiste, lui-même favorable à l’accès à la PMA pour toutes les femmes. Certains parce qu’ils portent une critique de la technique — ce n’est pas parce qu’une technique existe qu’il faut l’utiliser, sans se poser la question de jusqu’où on peut aller. D’autres, les écologistes conservateurs, se réfèrent à l’“écologie intégrale” définie par le pape François dans son encyclique Laudato Si’. » Avant de rappeler que « l’immense majorité des écologistes est favorable à l’accès à la PMA pour toutes les femmes, parce que si on l’autorise aux couples stériles, il faut l’autoriser à toutes, au nom de l’égalité ». C’est d’ailleurs la position officielle d’Europe Écologie – Les Verts et des autres partis écologistes de gauche.

Ces clivages ne sont pas récents et concernent toutes les questions liées à la reproduction. « Ils ont existé dès l’émergence de l’écologie politique dans les années 1970, dit Isabelle Cambourakis, directrice de la collection « Sorcières » aux éditions Cambourakis. La critique de la science, des techniques et de la médecine s’est politisée à ce moment-là. La Gueule ouverte était profondément anti-tech et une grande partie de ceux qui y écrivaient s’opposaient à la pilule contraceptive. Mais le journal était aussi empreint d’une forte conscience néo-malthusienne et défendait l’idée d’une maîtrise de la démographie — donc du contrôle des naissances. » D’où un intense remue-méninges philosophique et pratique pour surmonter la contradiction : « C’est dans ces espaces qu’on a le plus réfléchi à des techniques alternatives comme la vasectomie ou à d’autres formes de sexualité qui ne seraient pas pénétrantes. »

Les écologistes se sont bricolé des solutions bien à eux

Les désaccords sur la PMA sont la suite logique de ces disputes originelles. Valérie Marange, féministe et rédactrice à La Gueule ouverte, se souvient très bien des premières discussions intenses sur ces nouvelles techniques procréatives, à la fin des années 1980. Là encore, les écologistes se sont bricolé des solutions bien à eux : « Dans Le magasin des enfants [éd. François Bourin, 1990], nous avons évoqué l’insémination artisanale [insémination effectuée sans assistance médicale, avec recueil du sperme frais du donneur dans un récipient puis injection dans le vagin à l’aide d’une pipette-seringue] comme une solution. Nous défendions l’idée qu’il n’y avait pas besoin de médicaliser l’insémination à outrance. »

« Jusque dans les années 1970, les inséminations se déroulaient de manière artisanale dans le cabinet du médecin, confirme le pasteur protestant, écrivain et militant écologiste Stéphane Lavignotte. Mais comme cet acte avait trop d’accointances avec un adultère, il a été médicalisé pour être neutralisé d’un point de vue moral. Les inséminations artificielles hors milieu médical ont ensuite été interdites en 1994. »

Manifestation pour le mariage pour tous en décembre 2012.

Or, le débat de fond sur la PMA et sa technicisation n’a jamais vraiment eu lieu, considèrent certains écologistes. « Les hommes technocritiques n’ont pas fait leur travail, regrette Aude Vidal, qui anime depuis dix ans un blog écologiste et féministe. Des personnes qui se présentaient comme technocritiques et critiquaient la PMA, comme Jacques Testart [biologiste qui a permis la naissance du premier « bébé-éprouvette » en 1982, tout en étant très critique sur ces techniques], ont plutôt recouru à des arguments psychologiques du développement des enfants et du rôle des pères sans creuser les aspects techniques. » Il n’y a pourtant pas grand-chose à voir entre une insémination artificielle simple et une fécondation in vitro (FIV) avec diagnostic préimplantatoire.

Peut-être parce que la critique de la technique n’est pas l’unique raison pour laquelle certains écologistes s’opposent à la PMA. Stéphane Lavignotte identifie aussi « un arrière-fond théologique pas du tout assumé au débat » : pour nombre de catholiques, « le couple et la famille sont des choses naturelles, qui ont existé de tout temps et existeront à jamais, sans évolution possible. En sortir serait contre nature et immoral ».

Les écologistes opposés à la PMA pour toutes se défendent de toute homophobie

À une vision de la famille pétrie de catholicisme s’ajouterait un climat homophobe. Pour Gwen Fauchois, activiste lesbienne féministe et vice-présidente d’Act Up Paris dans les années 1990, c’est « flagrant » : « Un certain nombre d’oppositions sur la technique et l’eugénisme ne se manifestaient pas quand la PMA ne concernait que les hétéros. C’est bien qu’il y a une dimension lesbophobe dans ces positions anti-PMA. Y compris au sein du mouvement écologiste, dans sa tendance la plus réactionnaire. » Le collectif Pièces et main d’œuvre, très critique de ce qu’il appelle « la reproduction artificielle de l’humain » y compris pour les hétérosexuels, est ainsi connu pour avoir tenu des propos homophobes dont un texte faisant référence aux « tordus queer » [1] De même, le numéro de juillet-août du journal La Décroissance consacrait un dossier très problématique sur le couple et la famille, intitulé « Grande confusion ou altérité ? », développant des idées discriminantes et mélangeant des termes qui n’ont rien à voir : transgenre, transhumanisme, LGBT, gender studies.

Les écologistes opposés à la PMA pour toutes se défendent de toute homophobie. Alexis Escudero, auteur de La reproduction de l’être humain (éd. Le monde à l’envers, 2014) et proche de Pièces et main d’œuvre, déplore même que les discussions sur l’élargissement ou non de la PMA aux couples de femmes occultent le débat sur les techniques : « En présentant la PMA, et plus largement le recours aux biotechnologies de la conservation, comme la condition sine qua non de l’égalité entre homos et hétéros, les associations LGBT, et derrière elles l’ensemble de la gauche libérale, interdisent, par un chantage à la discrimination, toute critique de la reproduction artificielle de l’être humain. » L’argument offrirait l’occasion d’un immense jeu de dupes politique. Selon lui, le mariage pour tous fut la « caution de gauche » du président Hollande et la PMA pour toutes sera celle du président Macron.

« Sauf que [l’]enquête [d’Alexis Escudero] voisine dans le débat avec des positions homophobes », regrettent Aude Vidal et Aude Vincent, militante féministe, qui ont écrit ensemble l’article « Pour une critique émancipatrice de la PMA ». Même si pour elles, la position inverse, qui consiste à promouvoir la PMA pour toutes au nom de l’égalité sans s’intéresser aux questions techniques, n’est pas plus satisfaisante. « Chez les partisans de la PMA pour toutes, la confusion entre celle-là et l’insémination artificielle avec donneur permet l’abandon de la question technicienne. Cette confusion nous contraint à adopter l’une ou l’autre valeur : la critique de la technique ou bien l’égalité au risque d’un libéralisme qui ne fait qu’accompagner les dérives techniciennes. »

Faute d’un débat de fond, la PMA est donc restée un sujet inachevé parmi les écolos, chacun et chacune se retranchant derrière ses positions bricolées de lectures et de convictions. Quelle pourrait être une réponse écolo aux nombreuses questions soulevées par la PMA ? Reporterre va tenter d’éclaircir le débat.

Débat no 1 : jusqu’où doit aller la technique ?

Qu’on soit homo ou hétéro, seule ou en couple, « la PMA est un appendice technologique pour accéder à notre désir d’enfant, dit la journaliste Laure Noualhat, opposée à la PMA sur le principe mais favorable à son ouverture à toutes les femmes. Mais jusqu’où doit aller la technique ? Si on autorise ça aujourd’hui, qu’est-ce qu’on autorise demain ? » Avec la PMA resurgit en effet la crainte d’ouvrir « la boîte de Pandore de l’eugénisme et du transhumanisme », selon le mot de José Bové.

« Les technologies reproductives sont, dans leur principe même, eugénistes », enchérit l’association Pièces et main d’œuvre. Par téléphone, une des membres de l’organisation précise : « Avec la fécondation in vitro, il y a la possibilité de choisir entre plusieurs embryons, donc de sélectionner, décrit-elle. Les trisomiques sont d’ores et déjà éliminés à 97 % par diagnostic prénatal. » Pour l’association, « la suite du programme est déjà dans les éprouvettes », en attente de feux verts politiques : « Bébés génétiquement modifiés ; création de gamètes artificiels à partir de cellules souches, permettant de s’affranchir du don de gamètes ; puis, à terme, utérus artificiel permettant d’éliminer toute contribution humaine. »

Des propos qui révoltent le professeur Jean-Philippe Wolf, ex-directeur du centre d’assistance médicale à la procréation de l’hôpital Cochin : « Il y a cinq à dix maladies gravissimes, mortelles et incurables, telles la mucoviscidose ou la myopathie du Duchenne. En tant que médecin, mettre au monde un enfant dont on sait qu’il va être gravement malade, c’est une hérésie. » Et de conclure : « C’est de la prévention, pas de l’eugénisme. » En France, le diagnostic préimplantatoire est d’ailleurs très encadré et réservé aux couples à risque (voir l’article « PMA : de quoi parle-t-on ? »).

Un consensus pourrait peut-être se construire autour de l’insémination artificielle, « une low tech pas plus technologique ou intrusive que la pose d’un stérilet », selon Aude Vidal. « Une insémination artificielle “maison” entre une ou deux femmes et un donneur qu’elle(s) ont trouvé ne peut être considérée comme la porte ouverte au “meilleur des mondes”, écrit-elle dans L’An 02. Si cette insémination se fait avec du sperme provenant d’une banque alimentée par des donneurs, anonymes ou non, les critiques peuvent porter sur le côté “catalogue” de bien des banques, mais il peut être encadré. » Notre interlocutrice de Pièces et main d’œuvre estime elle aussi qu’il s’agit d’une technique « différente » de la FIV, « puisqu’elle préserve la part de hasard de l’engendrement ».

Attention, la critique technique n’est pas pour autant résolue, car « ce qui continue de poser question, c’est le pouvoir médical qui peut valider le désir d’enfant des femmes ou juger bon de donner des traitements hormonaux pour booster l’ovulation, mais également de choisir le donneur à la place des femmes, souvent sur des critères raciaux », enchérit Aude Vidal. Illustration de ce « pouvoir médical », la notion même d’infertilité — qui permet aujourd’hui de recourir à une AMP légale et remboursée — est toute relative, poursuivent mesdames Vincent et Vidal : « Si sous certains aspects la fertilité se mesure, pour bien d’autres elle reste assez mystérieuse et complexe, influencée par d’autres facteurs que physiologiques. » Selon certains médecins, comme Martin Winckler, il faudrait ainsi attendre deux ans d’essais infructueux pour envisager des problèmes d’infertilité, alors qu’on se presse de les diagnostiquer bien avant, parfois au bout de neuf mois de non-conception. Et les autrices de conclure : « En l’absence de limite claire entre personnes et couples fertiles et infertiles, la fertilité ne peut constituer un seuil. »

Une médicalisation qui « peut se révéler violente pour les femmes », d’après la naturopathe Audrey Guillemaud, autrice de Cycle féminin et contraceptions naturelles (Hachette, 2019). Elle souligne notamment la stimulation ovarienne, étape préalable aux inséminations artificielles et aux FIV, et qui « revient à “presser” le travail des ovaires à l’aide d’injections. Les femmes vivent alors tous les symptômes de l’ovulation difficile, multipliés par 50 ou par 100 : fatigue, suées, inconforts physiques variés, problèmes de tension, tremblements, malaises, parfois chutes ». Défenseuse d’une méthode douce, elle préconise « un travail de fond, de dépollution, qui permet de rétablir la fertilité mais peut prendre des années » .

Et si la stimulation ovarienne peut se révéler nécessaire dans des cas d’infertilité, pourquoi l’utiliser dans des PMA de lesbiennes ? « On leur met la pression, en leur disant “c’est cher, vous êtes obligées de venir jusqu’à Barcelone, donc on va vous booster avec des hormones, voire faire des FIV, pour être sûr que la première fois soit la bonne” », dénoncent Aude Vidal et Aude Vincent. « Il y a des femmes qui sont prises pour des pompes à fric par des boîtes qui essayent de leur refourguer des traitements dont elles n’ont pas besoin. »

Manifestation pour le mariage pour tous en décembre 2012.

Débat no 2 : comment limiter la marchandisation ?

En France, la PMA des couples hétérosexuels infertiles est remboursée par la Sécurité sociale et les dons de sperme et d’ovocyte ne sont pas rémunérés. Mais à l’étranger, des cliniques font leur beurre sur le désir d’enfant de femmes et de couples désespérés et monnayent des services supplémentaires, comme le choix du sexe de l’embryon. Les donneurs et donneuses les plus convoités pour leur beauté ou leur intelligence vendent leurs gamètes à prix d’or pendant que d’autres, parmi les plus pauvres, multiplient traitements hormonaux, ponctions et vente d’ovocytes pour gagner leur vie (voir l’article « PMA : de quoi parle-t-on ? »)

« On peut être pro-PMA et s’attaquer aux violences et à l’exploitation de celleux que [la chercheuse féministe Sophie Lewis qualifie de “travailleuses gestationnelles” dans le cadre de la GPA » [gestation pour autrui], répond Cyril Lecerf Maulpoix, militant de l’écologie queer.

Pour Europe Écologie – Les Verts, la business de la PMA est principalement dû à son interdiction en France pour les couples de lesbiennes et les femmes seules. Et donc, la meilleure réponse consiste à « autoriser la PMA pour toutes, afin de contrôler qui fait quoi, dit la sénatrice écologiste Esther Benbassa. C’est la même question que pour le cannabis. En légalisant, on met un frein à l’économie parallèle. À l’inverse, plus on interdit, plus il y aura un business, avec la précarité et les dangers propres à la clandestinité. »

Débat no 3 : est-ce que c’est naturel ?

Derrière les critiques techniques et économiques de la PMA sourd très vite la question de « l’ordre naturel des choses ». La philosophe catholique conservatrice Marianne Durano, de la revue d’« écologie intégrale » Limite et cofondatrice des Veilleurs, opposés au mariage pour tous, se demande « si la technique est là pour respecter la nature ou pour outrepasser les limites naturelles, pour modifier le vivant et ses équilibres ». La réponse à sa question est, selon elle, évidente : « Permettre à un couple hétérosexuel de procréer avec un don de sperme, c’est restaurer un équilibre naturel perturbé par une pathologie. Alors que dans le cas d’une femme seule ou d’un couple de femmes, il n’y a pas de pathologie. » OGM (organismes génétiquement modifiés) et PMA pour toutes relèvent ainsi des « mêmes logiques de manipulation et de marchandisation du vivant » : « La nature est fragile et bonne, elle mérite d’être défendue et respectée, pas seulement quand il s’agit des écosystèmes mais également quand il s’agit de nos corps. »

Cyril Lecerf Maulpoix s’étonne « qu’on continue à enchanter le miracle de la reproduction hétérosexuelle comme un phénomène naturel et qu’on omette la constellation de techniques et de pratiques l’encadrant actuellement ». Des méthodes contraceptives à la médicalisation de l’accouchement, la technique n’est pas absente de la reproduction hétérosexuelle. À l’inverse, s’il s’agit de renier toute technologie pour revenir à l’« état naturel », « que pensent les “anti-techs” des prises d’hormones pour les personnes trans, des opérations de réassignation sexuelle mais aussi des mutilations violentes pratiquées sur des intersexes [2] pour répondre aux exigences scientifiques et médicales de la binarité homme/femme, s’interroge-t-il. S’agit-il là aussi de personnes OGM ? »

Manifestation pour le mariage pour tous en janvier 2013.

La référence à la « nature » le désespère : « Il y a dans ces critiques une volonté de maintenir un modèle hégémonique hétérosexuel, en même temps qu’une incapacité à s’émanciper du concept de nature », regrette-t-il. Pour Gwen Fauchois, cet argument du respect de la nature est « hypocrite » : « Plus personne ne vit dans une caverne en refusant tous les apports de la technologie, qu’ils soient médicaux — chimiothérapies, antibiotiques — ou autres. »

« Rapporter le débat à une nature essentialisée et complètement imaginaire, c’est se tromper, enchérit Stéphane Lavignotte. La nature n’est pas un grand ensemble mythique qui réunirait les arbres, les animaux et une vraie nature de l’humain. » Se référant au philosophe Serge Moscovici, M. Lavignotte poursuit : « La nature a une histoire, elle évolue en permanence. Si dimension naturelle il y a, elle est sauvage, mouvante, subversive, et pas du tout figée. »

Chassons donc le naturel. Il n’existe pas. Laure Noualhat pointe un autre débat, celui des limites. Ou plutôt à l’absence de limites : « En matière d’énergie, de consommation, de débauche, on est dans une logique du toujours plus, déplore-t-elle. Avoir un enfant à tout prix, c’est ça qui me pose problème. » Un « problème éthique et personnel », précise la journaliste qui a fait le choix de ne pas avoir d’enfant, parce que « le renoncement est au cœur du projet et de la structure même de l’écologie, considère-t-elle. On n’arrivera à rien avec l’aménagement des petits désirs des uns et des autres, en faisant une transition pour que ce soit plus renouvelable ». Sans compter que « faire un enfant dans le monde qui survient, c’est mettre une victime au monde », conclut la journaliste, profondément écolo-pessimiste.

Débat no 4 : que faire du désir d’enfant ?

Avec la PMA pour toutes, il s’agit de questionner la filiation. Gwen Fauchoix milite pour que tous les parents, homos ou hétéros, « adoptent leur enfant même s’il y a un lien biologique » : « Je ne vois pas pourquoi une filiation adossée à la procréation charnelle serait une garantie d’une bonne parentalité. On pourrait imaginer des rites où les parents s’engageraient vis-à-vis de leur enfant. »

Dans L’An 02, Aude Vidal et Aude Vincent appellent ainsi à « perturber l’adéquation entre génération (parenté biologique) et responsabilité d’élevage, déjà mise à mal par l’adoption, les familles recomposées… ou les pères peu présents ». Elles dressent en creux ce que pourrait être une réponse écolo aux multiples questions posées par la PMA : l’accès à des banques de sperme pour des inséminations « maison » ou avec un minimum d’intervention médicale ; interdire les catalogues de donneurs ; ouvrir la parentalité à plus de deux adultes chargés de l’éducation : favoriser les interactions entre l’enfant et les adultes présents dans son environnement avec différents niveaux d’intimité et de responsabilité, selon qu’ils soient coparents, cohabitants et cohabitantes ou voisines et voisins.

« Une réponse écolo à la PMA serait une subversion du modèle, approuve Stéphane Lavignotte. Les écolos pourraient défendre des pratiques plus artisanales, favoriser toutes les réponses Do It Yourself et sociales . Les coparentalités artisanales, par exemple, où un couple d’hommes s’arrange avec un couple de femmes. » Tout ceci passe par une sécurisation des droits de l’enfant et du ou des parents adoptifs, non biologiques. Et le pasteur d’enfoncer le clou : « Ces nouveaux modèles familiaux s’inscrivent dans une logique de la diversité, chère aux écologistes a contrario d’un modèle moniste, avec un homme, une femme. »

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[1Une personne se dit queer quand elle ne se reconnaît pas dans la sexualité hétérosexuelle, ou ne se sent pas appartenir à un genre défini.

[2Les intersexes sont nées avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux définitions « classiques » des corps masculins et féminins.