Près de 400 personnes ont assisté, ce jeudi soir à Lille, à une « agora publique » autour des candidats Europe Écologie Les Verts pour les élections européennes. La tête de liste, Yannick Jadot, accuse les autres partis de n’utiliser l’écologie que comme un slogan de campagne.
Yannick Jadot a attaqué notamment Emmanuel Macron et la République en Marche pour leur manque de « cohérence » sur l’écologie. © Radio France / Thomas Schonheere
Presque tous ceux qui sont montés sur l’estrade ce jeudi soir à Lille (Nord) pour l’agora publique d’Europe Ecologie les Verts (EELV) l’ont fait remarquer, à l’image de l’eurodéputée sortante, Karima Delli, en sixième position sur la liste du parti pour les élections européennes : « Aujourd’hui, tout le monde est écolo. » Mais attention : il y a « écolo » et « écolo ».
« Il y en a plein les murs »
Sur cette question, les près de 400 sympathisants présents à la soirée sont invités à participer. Marie Toussaint, quatrième sur la liste EELV, évoque la liste Renaissance menée par Nathalie Loiseau et ses « deux pages » de propositions pour investir dans la transition écologique : « Mais qu’est ce qu’il leur arrive, est-ce qu’ils sont vraiment devenus écolos ? Qu’est-ce que vous en pensez ? » La salle répond : « Nooooooooon ». Un peu plus tard, la sénatrice Esther Benbassa lance, elle, que la cause d’EELV n’est pas « de la rustine verte comme chez les macroniens ».
La cause #EELV "ce n'est pas de la rustine verte comme chez les Macroniens", lance la sénatrice @EstherBenbassa à Lille, avant de poursuivre : "Il n'y a pas d'écologie sans justice sociale" #Europeennes2019 pic.twitter.com/ws0IM5HoPA
— Thomas Schonheere (@SchonheereT) May 9, 2019
Yannick Jadot est sur le même registre. Pour se démarquer, la tête de liste ne veut pas prouver qu’il lave plus vert que le voisin ou qu’il est là depuis plus longtemps, il préfère attaquer le manque de « cohérence » de la République en Marche (LREM) et d’Emmanuel Macron :
Quand le président de la République prend des décisions, il oublie l’écologie. Mais quand il fait campagne (…) il y en a des tonnes ! Il y en a plein les murs, de l’écologie !
Il poursuit : « Depuis deux ans, le président de la République a systématiquement arbitré pour les pesticides, pour le nucléaire, pour la chasse et pour le libre-échange.
Yannick #Jadot dénonce le manque de "cohérence" de LREM et d'Emmanuel #Macron sur l'écologie : "Le président a systématiquement arbitré pour les pesticides, pour la chasse, pour le libre échange et pour le libre-échange" #Européennes2019 #EELV pic.twitter.com/jWPZPTQmSP
— Thomas Schonheere (@SchonheereT) May 9, 2019
Après avoir rappelé la série de polémiques qui a plombé la campagne de Nathalie Loiseau, Yannick Jadot renvoie dos à dos la gauche et la droite : « Si vous mettez un bulletin les Républicains dans l’urne le 26 mai, vous aurez un ou une député qui rejoindra le PPE où siègent les députés de Viktor Orbàn. Si vous mettez un bulletin socialiste, vous élirez un ou une député qui siégera avec les Roumains socialistes qui ont organisé le référendum contre le mariage pour tous. »
Militants associatifs, lobbys et bière bio
« Cette cohérence, nous la revendiquons », martèle l’eurodéputé sortant, qui veut faire du climat et de la biodiversité « la loi fondamentale de l’Europe ». Sur l’estrade, ses collègues insistent sur leurs combats : la bataille contre les lobbys et les « grands projets inutiles » pour Karima Delli, un meilleur accueil des migrants pour Michèle Rivasi, en deuxième position sur la liste EELV. Esther Benbassa assure, elle, que les « gilets jaunes » sont des écologistes « quand ils nous disent qu’ils n’ont pas d’argent pour acheter de la nourriture saine à leurs enfants ».
L’eurodéputée sortante Karima Delli est sixième sur la liste EELV pour les élections européennes. © Radio France / Thomas Schonheere
Sur l’estrade, des militants associatifs interviennent pour interpeller les élus. « Les écologistes ont toujours un pied dans les institutions et un pied dans les mouvements (…) c’est ça qui nous nourrit », assure encore Yannick Jadot. Quelqu’un dans la salle rappelle ainsi que la Bière des Faucheurs, servie au bar, sert à payer les actions des faucheurs d’OGM.
Au bar, les boissons sont bios et la Bière des Faucheurs paye les actions des faucheurs d’OGM. © Radio France / Thomas Schonheere
« Entrisme »
Au-delà de la « cohérence », Yannick Jadot, au fond, se félicite que l’écologie soit présente dans les programmes des candidats pour les élections européennes du 26 mai. « C’est notre victoire », dit-il sur l’estrade, rappelant l’ancienneté du combat des écologistes.
Les militants préfèrent, eux aussi, voir les choses comme ça, plutôt que de penser que tout le monde leur a volé leurs idées : « On retrouve Pascal Canfin à LREM, d’autres anciens écolos à la France Insoumise, chez Génération.s, au PS, etc. Il y a eu un pari réussi d’entrisme et EELV finalement est partout sur l’échiquier politique », estime Karim, un militant de Ronchin.
Des militants de la France Insoumise ont distribué des tracts avant le début du meeting. © Radio France / Thomas SchonheereReste à ne pas se faire « voler la victoire » le 26 mai, comme le dit Karima Delli. Dehors, Jean-Baptiste et Sophie regrettent qu’il n’y ait pas eu d’alliance avec les autres listes de gauche. « Mais si c’est pour qu’ils s’engueulent tout le temps… », souffle Jean-Baptiste. Avant le début du meeting, devant la salle, des militants de la France Insoumise ne se sont pas gênés pour distribuer des tracts, appelant à voter « pour une liste radicalement écologique ».
Pour relire l’intégralité de l’article, cliquez ici