Élections européennes : la majorité veut « tirer l’Europe par le haut »

La liste « Renaissance » a dévoilé son programme mercredi 8 mai. L’écologie est au cœur de ce projet qui propose notamment de créer un plan d’investissement de 1.000 milliards d’euros consacré à la transition écologique d’ici à 2024.

Repartir de zéro et reprendre la main après une série de couacs. C’est l’objectif de la majorité dans la dernière ligne droite de la campagne des élections européennes, à plus de deux semaines du scrutin, le 26 mai. La liste « Renaissance » LREM-MoDem-Agir-Mouvement Radical /Social-Libéral conduite par l’ex-ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau a dévoilé son projet mercredi 8 mai. « C’est un programme équilibré, qui tire l’Europe vers le haut. C’est une Europe qui protège et qui investit », se félicite le président du groupe LREM au Sénat, François Patriat. « C’est un programme ambitieux », se réjouit de son côté le sénateur LREM André Gattolin.

Le programme fait la part belle à l’écologie. Parmi les 79 propositions, la création d’une « banque du climat » pour « orienter l’épargne européenne vers la croissance verte » et la mise en place d’un « plan d’investissement d’au moins 1.000 milliards d’euros d’ici 2024 pour développer les énergies et les transports propres, rénover les logements et accompagner la reconversion des travailleurs des secteurs en transition », dont 40 % d’argent public.

Si les macronistes entendent consacrer 200 milliards par an d’investissement, la liste PS-Place Publique propose jusqu’à 400 milliards par an pour son « pacte finance – climat -biodiversité », quand Génération.s souhaite même consacrer 500 milliards chaque année pour son « green new deal ». Chez EELV, on propose aussi la création d’une « banque européenne du climat et de la biodiversité » pour lancer un plan d’investissement de 200 milliards d’euros par an afin de sauver le climat.

« La liste ‘Renaissance’ est dans la surenchère », regrette Joël Labbé (ex-EELV), soutien de la liste écologiste aux européennes conduite par Yannick Jadot. Selon le sénateur du Morbihan, « ce serait déjà une avancée » si l’UE consacrait 500 milliards d’euros au cours des 5 années de la mandature pour son plan d’investissement.

Le verdissement de la majorité, « une rustine » selon Esther Benbassa

En matière d’écologie, « on est dans le déclaratif autant au niveau de la politique nationale que dans le projet européen », dénonce Joël Labbé. « La liste ‘Renaissance’ se veut la championne de l’écologie mais on voit dans les pratiques nationales qu’on est loin du compte », ajoute-t-il. Chez EELV, on déplore aussi ce hiatus entre les discours et la pratique et on pointe du doigt ce double langage « qui fait perdre confiance aux gens », regrette Esther Benbassa.

« On a l’habitude que la majorité fasse des promesses qu’elle ne tient jamais. Ce sont des promesses électorales », juge la sénatrice écologiste de Paris. Elle cite notamment la proposition des soutiens d’Emmanuel Macron de taxer le carbone des produits importés en Europe qui n’a « jamais été mise en œuvre », alors que le chef de l’Etat prônait déjà une taxe carbone aux frontières le 26 septembre 2017 lors de son discours sur l’Europe à la Sorbonne. « Ils se verdissent mais c’est de la rustine », dénonce Esther Benbassa.

« Je n’ai jamais pensé qu’Emmanuel Macron était un écologiste convaincu. L’action du gouvernement n’a effectivement pas été orientée vers l’écologie ces deux premières années », reconnaît l’ex-EELV André Gattolin, qui salue néanmoins « le réalisme » du projet européen de la majorité. Il avance une explication : « L’objectif d’Emmanuel Macron était dans un premier temps de rétablir la crédibilité de la France au niveau du respect des engagements et des traités comme le pacte de stabilité et de croissance ».

La majorité passe à la vitesse supérieure

Place à un nouvelle page du quinquennat, bien plus verte donc, selon les macronistes. « On ne se dote pas seulement d’une volonté politique, mais aussi d’acteurs pour l’incarner », estime André Gattolin, citant le numéro deux de la liste, Pascal Canfin, qui « va être un levier moteur » dans cette campagne, et après le scrutin, ou encore autre ancien d’EELV, Pascal Durand.

La majorité passe la vitesse supérieure. Ce jeudi 9 mai, les candidats de la liste étaient mobilisés dans 12 grandes villes de toute la France pour présenter le programme à la presse, à l’occasion de la journée l’Europe. Nathalie Loiseau a aussi rendu aussi à Simone Veil ce jeudi à Paris, place du Panthéon, en présence de l’avocat et fils de l’ancienne présidente du Parlement européen, Jean Veil, en 78e position sur la liste « Renaissance ».

Edouard Philippe va lui-même mouiller le maillot. Il va participer à un meeting, ce samedi 11 mai à Strasbourg, au côté de l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Les membres du gouvernement ont été priés de se mobiliser. Deux jours après le meeting de Strasbourg, cinq ministres, Sébastien Lecornu, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Didier Guillaume et Julien Denormandie se retrouveront dans l’Eure pour un déplacement commun. Emmanuel Macron s’investit lui aussi personnellement dans la bataille. Mardi soir, il a effectué une visite surprise aux candidats et aux cadres de la campagne dans un restaurant parisien.

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