Migration : échec du « enfermer plus pour expulser plus »

Markus Heine / NurPhoto / AFP

L’allongement de la durée de rétention, avec la nouvelle loi Asile et Immigration, ne semble pas, pour l’instant, avoir l’effet escompté. 

Bilan

Largement critiquée, au moment des examens de la loi à l’Assemblée nationale et au Sénat, au 1er janvier, la durée maximale d’enfermement en rétention administrative a doublé, passant à trois mois. Il avait déjà été démontré qu’une durée de rétention plus longue ne permet pas plus d’éloignements.

Hier (2 avril), La Cimade, association d’aide et de soutien aux personnes migrantes, dévoilait les chiffres d’un premier bilan de cette nouvelle durée d’enfermement après trois mois de mise en place et ils sont très parlant :

« Sur les 2310 personnes enfermées depuis le 1e janvier : 110 ont passé plus de 45 jours, dont 25 plus de 60 jours et seulement 32 ont été expulsées au-delà des 45 jours soit 1,38% ». Cette nouvelle durée maximale d’enfermement ne permet donc pas d’expulser plus, par contre, elle semble avoir des effets pervers.

Manque d’effectif

Violences, insultes, les forces de police seraient-elles dépassées dans les centres de rétention administrative ? C’est une des explications possibles qu’avançait, sans pour autant excuser les violences, la Cimade en septembre dernier :

« Les effectifs de police, déjà insuffisants, n’ont pas été renforcés en conséquence (…) Certaines escortes vers les tribunaux où les personnes peuvent tenter de faire valoir leurs droits ne peuvent même plus être assurées ».

Au manque de moyens et d’effectifs policiers, l’allongement de la durée de rétention, et donc, la possibilité de voir les centres de rétention plus surchargés qu’ils ne le sont déjà, ne contribue pas à une amélioration des conditions dans les CRA, au contraire.

Champion d’Europe

En avril dernier, alors que la loi asile et immigration était encore en discussion, la sénatrice EELV Esther Benbassa, qui, au gré de ses visites, a vu les conditions de l’enfermement dans différents CRA et les conditions de vie dans les camps à Calais, s’inscrivait contre cette allongement :

« le centre de rétention n’est pas une prison. Les gens quittent les CRA entre 12 à 15 jours après leur enfermement. Ça va servir quoi de les garder 90 jours ? ».

Pour rappel, le rapport 2017 sur les « Centres et locaux de rétention administrative » (paru le 3 juillet 2018) révélait le chiffre impressionnant de 47 000 placements en rétention en métropole et outre-mer (dont seulement 40 % suivis d’un éloignement). Chiffres faisant de la France la « championne d’Europe de l’enfermement ».

Pour relire l’intégralité de l’article, cliquez ici