
LE SCAN POLITIQUE – Ségolène Royal a proposé aux écologistes d’ouvrir leur liste à toute la gauche et de l’accueillir en deuxième position. Tête de liste EELV, Yannick Jadot reste silencieux. Son parti a déjà refusé.
«Face à l’urgence climatique à laquelle j’ajoute les urgences sociale et démocratique, les conflits d’ego n’ont pas de sens. Et je n’ai aucune réticence à me mettre après quelqu’un d’autre. Avançons en collectif!» Un tweet qui a le mérite de la clarté. En cette fin d’année, Ségolène Royal fait feu de tout bois pour tenter de constituer une liste unifiée de la gauche aux européennes. Jusqu’à accepter de ne pas guider cette liste. C’est aux écologistes que l’ex-ministre de l’Environnement envoie ce message spécifique puisqu’elle sait que Yannick Jadot tient absolument à être en tête.
Oui. Face à l’urgence climatique à laquelle j’ajoute les urgences sociale et démocratique, les conflits d’ego n’ont pas de sens. Et je n’ai aucune réticence à me mettre après quelqu’un d’autre. Avançons en collectif ? https://t.co/B1ZFkaxCy3
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) December 19, 2018
Luc Carvounas: «Si la réponse est négative, sincèrement je ne comprends pas».
Mais Ségolène Royal insiste. Mercredi matin au Sénat, elle a participé à un petit-déjeuner avec une trentaine de parlementaires de gauche. Une rencontre organisée par un de ses fidèles soutiens, le député PS du Val-de-Marne Luc Carvounas. «Je ne l’ai pas entendu dire durant cette rencontre qu’elle acceptait d’être la numéro deux de notre liste mais elle a dit que nous ne pouvions pas partir chacun de notre côté avec nos ego», indique la sénatrice EELV Esther Benbassa. Cette dernière partage le constat de l’ex-ministre de l’Environnement. «Je souhaite une liste ouverte aux européennes, avec Ségolène Royal pourquoi pas ou avec un autre socialiste même s’ils ont fait pas mal d’erreurs, avec aussi une figure de Génération.s comme Guillaume Balas qui est déjà eurodéputé. S’il nous reste peu de temps, je pense que c’est encore possible. Mais je respecte la position de notre parti», souligne Benbassa. Furieuse que sa présence au petit-déjeuner avec Royal ait été perçue comme un soutien à cette dernière, la sénatrice écologiste a renoncé à se rendre à l’invitation de Place Publique jeudi matin, de peur qu’on la considère comme un soutien à Raphaël Glucksman qui, lui aussi, tente sa propre initiative d’unification.
Luc Carvounas attend avec une certaine impatience désormais la réponse de Yannick Jadot. «Si la réponse est négative, dit-il, sincèrement je ne comprends pas». «Soyons à la hauteur, merde!» Le député du Val-de-Marne semble sincèrement troublé. «Cela fait maintenant deux mois que je suis allé la chercher avec ma casquette “gauche arc-en-ciel” (du nom de son mouvement) et non pas l’étendard socialiste. Ici on ne parle pas du PS mais d’une femme qui veut être soutenue par le PS et qui propose un nouvel espace politique fort associant crise climatique et justice sociale – exactement ce que souhaite Jadot -, en ayant le panache de dire qu’elle ne tient pas à être tête de liste…» Carvounas insiste: «Les sondages le disent, 70% de nos électorats le veulent et les chefs des partis ne le feraient pas?» Jadot peaufine sa réponse.