« L’opposition critique l’intervention de Macron dans la succession du procureur Molins » (Le Figaro, le 27 Septembre 2018)

L’opposition critique l’intervention de Macron dans la succession du procureur Molins

L'opposition critique l'intervention de Macron dans la succession du procureur Molins

LE SCAN POLITIQUE – Alors que le procureur de Paris doit prochainement quitter ses fonctions, l’intervention de l’Élysée dans la nomination de son successeur a suscité une levée de boucliers.

Son visage est connu de tous, tant il est lié aux déclarations post-attentats. Or les interventions de François Molins, le procureur de Paris, sont sur le point de cesser. Nommé procureur général près la Cour de cassation, il devrait quitter ses fonctions actuelles en novembre. Alors que les candidats se bousculent pour prendre sa place, l’Élysée a décidé d’intervenir dans le choix du successeur. Selon le Canard Enchaîné, Emmanuel Macron a tout simplement rayé le nom des trois prétendants, refusant ainsi leur nomination. Une première dans l’histoire judiciaire.

Fait du prince

Le comportement du président n’a pas manqué de provoquer un tollé. L’opposition, vent debout contre l’interventionnisme élyséen, a dénoncé un «fait du prince». De nombreux élus ont fustigé cette atteinte à l’indépendance de la justice. Louis Aliot, le député RN des Pyrénées-Orientales, s’est même risqué à une comparaison avec la Pologne et la Hongrie. «Et Macron ose encore faire la leçon aux Polonais et aux Hongrois sur la dépendance de la justice au pouvoir politique… Cette dérive autocratique est inquiétante…», a-t-il tweeté.

La sénatrice EELV Esther Benbassa a également réagi par le biais de son compte Twitter. Elle dénonce l’ingérence présidentielle et accuse Macron de vouloir «tout le pouvoir». Quant à Eric Ciotti, il a accusé le président «de faire pression, de verrouiller». Invité sur Public Sénat, le député LR des Alpes-Maritimes a dénoncé le fait que des «considérations bassement politiciennes entravent l’intérêt général, notamment en matière de protection des Français, puisque là il s’agit de lutter contre le terrorisme».

L’intervention présidentielle a également fait réagir les syndicats. «L’exercice du pouvoir se verticalise et ça se manifeste dans le choix du procureur de la République de Paris», a estimé Katia Dubreuil, du syndicat de la magistrature.

Marc Cimamonti écarté

Nicole Belloubet, la garde des Sceaux, avait soufflé le nom de Marc Cimamonti, l’actuel procureur de la République de Lyon. Or celui-ci a été nommé procureur général de Versailles. En héritant de la gestion d’une des plus prestigieuses Cour d’appel de France, Marc Cimamonti est écarté de la course. L’exécutif aurait souhaité qu’une personne moins attendue, et notamment une femme, puisse reprendre le flambeau du très médiatique François Molins. Alors que le champ semblait libre pour les autres candidates en lice, Maryvonne Caillibotte et Marie-Suzanne Le Quéau, Emmanuel Macron a refusé leur candidature. Les trois candidats avaient pourtant été reçus par la garde des Sceaux puis le premier ministre au mois de juillet. D’autres noms devront être proposés prochainement.