LE SCAN POLITIQUE – Alors que la tête de liste d’EELV pour les européennes, Yannick Jadot, a exclu toute alliance avec Génération.s, plusieurs élus appellent le parti à s’ouvrir davantage.
Pour Yannick Jadot, la ligne est claire: hors de question de reproduire les «erreurs» du passé. Désigné mi-juillet par les militants pour mener la bataille en 2019, l’eurodéputé a rapidement balayé l’idée d’une alliance avec Génération.s, le mouvement lancé par son ancien allié lors de la campagne présidentielle, Benoît Hamon. «Notre priorité est de rassembler les écologistes autour d’une ligne claire, pas de faire de la vieille politique avec ses accords d’appareils et ses confusions», a-t-il expliqué dans les colonnes du Journal du Dimanche . Et de revenir sur la déroute de l’ex-candidat socialiste: «Finalement, l’échec a été assez retentissant. Il n’est pas interdit d’apprendre de ses erreurs.»
En interne cependant, la décision de faire cavalier seul l’année prochaine met certains cadres écologistes mal à l’aise. Dans les heures qui ont suivi l’annonce, le porte-parole d’EELV, Julien Bayou, a réagi en disant «espér(er) qu’on pourra éventuellement (en) rediscuter». «Il se trouve que je suis élu avec lui au conseil régional (d’Ile-de-France, NDLR), je peux vous dire qu’on est raccord sur tous les sujets, je pense aux transports, à Europa City, donc je pense qu’on devrait faire avec toutes celles et ceux qui se réclament écologistes», a-t-il défendu sur Franceinfo .
Dans la même veine, le maire de Grenoble, Éric Piolle, a appelé vendredi, à l’occasion des Journées d’été à Strasbourg, à un «large rassemblement de projet avec Génération.s et les mouvements sociaux». «Il peut y avoir des lignes de divergences sur l’Europe, souligne l’édile écologiste au JDD . Mais je crois que le projet porté par EELV et celui porté par Benoît Hamon sont clairs. Il faut avoir cette volonté d’ouverture forte pour que cela s’amorce.»
Une union d’autant plus utile pour certains que Yannick Jadot s’est fixé pour objectif de récolter «15% des suffrages aux européennes». «Il faut toujours être optimiste pour faire de la politique», s’amuse la sénatrice de Paris, Esther Benbassa. «Cela peut être un bel objectif mais, seuls, cela me semble utopique», poursuit-elle au Figaro, tablant davantage sur 5 à 6% des voix, en accord avec les résultats des derniers sondages.
De son côté, la porte-parole du parti, Sandra Regol, tente de temporiser. Les dissensions internes? Banales chez les écologistes, «conformément à notre tradition démocratique», indique-t-elle. Atteindre la barre des 15% avec la seule étiquette «écologistes»? «C’est possible!» «On avait même fait plus que cela en 2009», rappelle-t-elle, avant de nuancer: «Enfin, sur le papier c’est possible.»