« Benchmarking » des migrants: « Les gens regardent où c’est plus facile de pouvoir aller », assume Collomb
Au lendemain de ses déclarations polémiques sur les migrants, qui réaliseraient selon lui une étude de marché avant d’arriver en Europe, Gérard Collomb maintient ses propos.
Gérard Collomb, critiqué après ses propos sur les migrants qui feraient une étude de marché pour choisir leur pays d’exil, ne regrette pas et assume cette idée ce jeudi. « J’ai dit qu’il fallait que nos législations en Europe soient les plus proches possibles », a détaillé le ministre de l’Intérieur au micro de BFMTV, avant de poursuivre:
« Si vous avez de législations qui sont très différentes les unes des autres, avec des législations qui peuvent être dans tel ou tel pays plus favorables, à ce moment-là les gens regardent où c’est plus facile de pouvoir aller », affirme le locataire de Beauvau. « Donc il faut aligner nos législations les unes en cohérence avec les autres en matière de migration. »
Le ministre de l’Intérieur a provoqué un tollé parfois même l’indignation en estimant, mercredi lors d’une audition par la Commission des lois au Sénat, que les migrants font « un peu de benchmarking » avant de se rendre dans les pays d’Europe; une étude de marché pour porter leur choix sur les États aux législations les plus « fragiles » afin de déposer leur demande d’asile.
Indignation au sein de l’opposition, malaise pour la majorité
Des propos qui ont fait réagir à gauche et chez les écologistes (la sénatrice EELV Esther Benbassa a qualifié de « honteu(se) » cette déclaration, estimant que « ce vocabulaire a une fonction, occulter la réalité de la souffrance de l’exilé »), mais également dans son propre camp:
« Je pense que si un benchmark est fait par les migrants, il est assez simple: mourir chez eux ou survivre ailleurs », a estimé Gabriel Attal, porte-parole LaREM, sur France Inter.
Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a quant à lui défendu le ministre, assurant sur LCI qu’il parlait « beaucoup plus des passeurs et des filières » que « des personnes dans le plus grand dénuement ».
Collectionneur de polémiques
Ce n’est pas la première fois que Gérard Collomb fait bondir opinion publique et politiques. Plusieurs de ses récentes déclarations ont suscité la controverse, notamment lorsqu’il a accusé les manifestants d’être « passifs » face aux casseurs, ou qu’il a qualifié le voile de la responsable parisienne de l’Unef Maryam Pougetoux de « prosélytisme » sur BFMTV. Le ministre a également suscité le malaise du gouvernement en peinant à défendre la limitation à 80 km/h, pourtant portée par Édouard Philippe. Cette fois-ci, il s’était fait recadrer.