Le président de la République, François Hollande, vient de reconnaître officiellement la « sanglante répression » dont ont été victimes à Paris le 17 octobre 1961 « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ». Mais six jours plus tard, ce mardi 23 octobre, son ministre de l’intérieur a annulé sa venue au Sénat pour un débat consacré à l’examen d’une proposition de résolution du groupe communiste « tendant à la reconnaissance de la répression » du 17 octobre.
Selon le programme de la séance qui était encore en ligne tôt mardi matin (ci-contre), Manuel Valls était prévu à l’agenda. « On l’attend, il est prévu qu’il vienne », nous confiait ce matin vers 9 heures une sénatrice.
Pourtant, Manuel Valls ne viendra pas. Son service de presse a confirmé à Mediapart que le ministre ne serait pas là. Raison invoquée : la séance de questions au gouvernement, au même moment à l’Assemblée nationale.
Du coup, c’est Alain Vidalies, le ministre des relations avec le Parlement, qui devra le remplacer au pied levé, confirme le cabinet de François Rebsamen, le président du groupe socialiste au Sénat. Ce que confirme la version réactualisée à 11h09 du programme du Sénat. « Manuel Valls a appelé hier pour nous prévenir », explique-t-on chez les sénateurs socialistes. « Il n’a pas le temps… », grince un responsable de la majorité. Mais un autre croit savoir que « Valls refuse d’aller au Sénat pour ne pas froisser les flics ».
Le ministre de l’intérieur sera en revanche au Palais du Luxembourg une heure plus tard: à 16H30, soit juste après la discussion sur le 17 octobre 1961, Valls a prévu un «échange avec la délégation aux collectivités territoriales», précise son agenda officiel.
« C’est surprenant que le ministre de l’intérieur ne soit pas présent dans l’hémicycle! Son absence est d’autant plus regrettable que notre proposition vient à point nommé pour donner un caractère solennel à la déclaration de François Hollande la semaine dernière », explique à Mediapart le sénateur Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. «C’est dommage, dit aussi l’écologiste Esther Benbassa, très active sur ce dossier. Cela aurait donné plus de sens et plus de force à ce débat. Et cela aurait été une marque de confiance et de reconnaissance… Manuel Valls n’a pas voulu avoir des problèmes avec la police!»
La situation est d’autant plus absurde que la résolution préparée par les communistes devrait être votée par l’ensemble de la majorité -PS, EELV, Radicaux, Front de gauche- et donc adoptée. La droite, elle, y reste opposée. Après le communiqué de François Hollande reconnaissant officiellement la répression du 17 octobre menée par la police de Maurice Papon, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, avait jugé « intolérable de mettre en cause la police républicaine et avec elle la République tout entière ».