Une partie de la droite a notamment réclamé que le président de la République commémore le «massacre d’Oran» du 5 juillet 1962, où des centaines d’Européens ont été tués.
Samedi, à l’occasion d’une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé des «crimes inexcusables pour la République». «La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Elle le doit d’abord et avant tout à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d’Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme», explicite un communiqué de presse de l’Élysée.
Alors qu’en 2012, François Hollande avait admis «une sanglante répression», le chef de l’État est donc allé encore plus loin en participant à l’hommage national rendu sur les berges de la Seine, au niveau du pont de Bezons, emprunté il y a 60 ans par les manifestants algériens qui arrivaient du bidonville voisin de Nanterre à l’appel de la branche du FLN installée en France.
Macron ne va pas assez loin selon la gauche
Une présence et des mots qui ont largement fait réagir la classe politique. À gauche, on espérait que le président de la République aille plus loin. Dans une tribune publiée samedi dans le JDD, Alexis Corbière appelait par exemple Emmanuel Macron à «reconnaître le massacre des Algériens pour ce qu’il a été : un crime d’État.». «Notre pays traverse un moment de trouble où le révisionnisme le plus odieux relève la tête, pour minimiser ou nier les crimes de Vichy ou ceux du colonialisme. Quel meilleur moyen de tuer dans l’œuf ces ferments de division qu’ouvrir le chemin de la justice et de la réparation aux victimes du 17 octobre 1961 ?», interroge le député de la France Insoumise.
Un propos partagé par la sénatrice EELV Esther Benbassa. Dans un tweet publié samedi après la commémoration, celle-ci estime que les déclarations du président de la République sont «un pas en avant» mais restent «insuffisantes pour réparer les mémoires blessées». «Il est temps de reconnaître le 17 octobre comme un crime d’État», juge-t-elle.
«Criminaliser notre histoire est une faute»
De l’autre côté du spectre politique, on estime qu’Emmanuel Macron en fait trop. «Alors que l’Algérie nous insulte tous les jours, Emmanuel Macron continue à rabaisser notre pays. Ces repentances à répétition deviennent insoutenables et attentent à l’image de la France», tacle par exemple Marine Le Pen sur Twitter. Même reproche de la députée LR Michèle Tabarot, qui estime que «notre pays n’a pas à se soumettre aux injonctions mémorielles du régime algérien qui multiplie les provocations anti-France». «Criminaliser notre histoire est une faute. La repentance à sens unique aussi», tance-t-elle.
Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, est allé dans le même sens. «L’Algérie crache sur la France et Emmanuel Macron fait pénitence. Le chef de l’État doit inspirer la fierté et non la honte d’être Français. Autrement, comment s’étonner que les populations immigrées ne souhaitent pas s’assimiler ?», a-t-il lâché sur Twitter. De son côté, Éric Zemmour a également réagi, au micro de BFMTV. Il a rappelé que la manifestation du 17 octobre 1961 était interdite avant d’ajouter : «Il y a eu des attaques de policiers (…). Il n’y a pas eu les centaines de morts dont on a parlé.»
De son côté, au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Valérie Pécresse a précisé qu’elle aurait aimé que le président «évoque les 22 policiers morts, tués par le FLN, la même année, en 1961». «Cela ne rend pas le massacre du 17 octobre 1961 excusable», mais «la mémoire se fonde sur la vérité», a-t-elle insisté.
Une partie de la droite souhaite que Macron commémore le «massacre d’Oran»
Certaines personnalités de droite ont également insisté sur le fait que certains autres événements ne soient pas commémorés ni même évoqués par le président de la République. Le député des Alpes Maritimes Éric Ciotti a par exemple dénoncé «la propagande victimaire anti-française du président Macron», qu’il juge «indécente». «Nous attendons toujours la commémoration par le président du massacre d’Oran du 5 juillet 1962 où le FLN a massacré plusieurs centaines de pieds noirs et harkis fidèles à la France», a-t-il attaqué.
Même reproche de la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer qui invite Emmanuel Macron à «aller plus loin sur les disparus, la reconnaissance des massacres de la rue d’Isly et d’Oran, l’entretien des cimetières français en Algérie…». «Le devoir de mémoire doit prévaloir mais le mépris de notre Histoire et cette repentance permanente à sens unique sont indignes. (…) Regarder les faits objectifs c’est regarder toute l’Histoire. Y compris, donc, les crimes commis par le FLN contre les Français d’Algérie», conclut-elle, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron et publiée sur Twitter.