Violences sexuelles : «La politique produit des prédateurs», affirme Esther Benbassa
La sénatrice Esther Benbassa organisait vendredi un débat sur les violences sexuelles et sexistes dans le monde politique.
Combattre les silences. Vendredi au Sénat, ils étaient des dizaines à débattre de la façon de lutter contre les « violences sexuelles et sexistes » dans le monde politique. Ils… et surtout elles, tant la salle Clemenceau était largement occupée par des femmes. « La révolution, nous la ferons avec les hommes, et pas en faisant de l’apartheid ! » veut pourtant convaincre la sénatrice (EELV) de Paris Esther Benbassa, à l’origine de cette initiative. L’objectif de cette journée : parler, écouter les témoignages de celles (et aussi ceux) qui vivent les rapports de domination, de violence dans cet univers si particulier. « La politique produit des prédateurs », explique Benbassa. Mais elle se refuse à faire le lien avec « l’affaire » Hulot en une du magazine « Ebdo » et la plainte pour viol déposée il y a dix ans et classée sans suite pour cause de prescription. « Il n’était pas dans un parti » à l’époque, ni dans la politique, souligne la sénatrice, ajoutant que le peu que l’on sait de l’affaire invite à la « prudence ».
Toute la journée, il y eut les retours d’expérience, les scandales, évoqués implicitement ou explicitement. L’affaire Denis Baupin, ex-député EELV accusé de harcèlement et d’agression sexuels par plusieurs femmes, ou bien le cas d’un ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), qui, il y a quelques mois, a été confronté à de nombreux témoignages l’accusant d’agressions sexuelles. « Un épisode d’une violence incroyable », témoigne Roxane Lundy, 22 ans et ex d’Osez le féminisme, pressentie pour prendre la tête du MJS ce week-end. Le mouvement, qui avait déjà lancé des « chantiers » sur la question de l’égalité femmes-hommes, a depuis accéléré les choses, en encourageant par exemple les réunions entre jeunes femmes pour « libérer la parole ». « C’est une bataille sociale, politique et culturelle », avance la députée LFI Clémentine Autain, également de la partie. « L’égalité, on y arrivera progressivement par la prise de conscience du problème. Il faut que ça passe notamment par l’éducation. »
Dans la salle, des militants politiques, associatifs. Le coordinateur du mouvement Génération-s, Guillaume Balas, et celui du PS, Rachid Temal. Personne pour représenter la droite, pourtant invitée, déplore Benbassa. Seule représentante d’En Marche !, la députée Laëtitia Avia fait valoir qu’il est important sur ces sujets « de ne pas être partisan ». « Il y a un manque de solidarité féminine en politique, mais on avance ! » opine Benbassa.