Polémique : Christian Jacob considère que les violences policières en France, «ça n’existe pas»

Lors d’une interview accordée à Europe 1, le président des Républicains a livré sa lecture de thématiques qui agitent le débat politique actuel : le racisme et les violences policières. Son point de vue a fait réagir à gauche.

Le président des Républicains (LR), Christian Jacob, a apporté son soutien aux forces de sécurité et affirmé que les «violences policières [et] une police raciste [ça] n’existe pas» en France. Il a tenu ces déclarations le 7 juin, au lendemain de plusieurs manifestations contre les violences policières et le racisme, totalisant plus de 20 000 personnes en France.

«La police en France ne fait pas peur, elle rassure», a également déclaré le député au cours de l’émission Le Grand rendez-vous (Europe 1/Cnews/Les Echos). «Des violences policières en France ça n’existe pas [En revanche] on a vu des violences de manifestants», a-t-il assuré. Et d’ajouter : «Il y a du racisme en France contre lequel il faut lutter, mais on n’a pas une police raciste en France, ça n’existe pas.»

Le chef de file LR a ensuite apporté son soutien aux forces de sécurité : «On les a vues sur tous les fronts contre le terrorisme et le Covid-19». Il s’est aussi dit «profondément choqué par les slogans, la police traitée de raciste et les policiers noirs de vendus par de prétendus manifestants antiracistes» dans les cortèges de cette semaine.

Christian Jacob dénonce le «silence assourdissant du président de la République et du Premier ministre»

L’onde de choc provoquée par la mort de George Floyd aux Etats-Unis continuait de se propager ce week-end dans le monde. En France, des manifestations contre les violences policières et le racisme se sont tenues dans plusieurs villes, malgré les restrictions sanitaires et des interdictions. Dans certains cas, «s’il y a eu dérapage [d’un policier], la justice est saisie, les sanctions tomberont. Mais on assiste à un amalgame invraisemblable», s’est indigné Christian Jacob. «La comparaison avec les Etats-Unis n’a pas de sens, car ils ont un système fédéral où les policiers sont placés sous l’autorité des maires ou de shérifs élus, alors que nous avons une police unifiée qui correspond à la diversité, une école de police, un code de déontologie», a-t-il fait valoir. Enfin, l’élu de droite a dénoncé le «silence assourdissant du président de la République et du Premier ministre, au moment où la police nationale est humiliée [et où] on a entendu des gens appeler à la révolution et à prendre les armes».

Une forme de déni pour des personnalités de gauche

Les propos du député de Seine-et-Marne ont fait réagir des personnalités de gauche, pour qui le concept de «violences policières» ou celui de racisme au sein de la police n’a rien de théorique. La sénatrice Europe Ecologie Les Verts (EELV) de Paris, Esther Benbassa, a ironisé par exemple sur le fait que la police «rassur[ait] LR, en tout cas». Et d’estimer que le chef de file des Républicains était «coupé du monde».

La journaliste et essayiste Caroline Fourest a elle aussi tenu à rebondir sur Twitter à propos des déclarations du chef de file du groupe LR : «Le déni, ce n’est pas de contester un terme – “privilège blanc” – qui risque d’être contre-performant, de faire déraper la lutte antiraciste en lutte identitaire, et de nourrir la propagande d’extrême droite. Le déni, c’est ça [les propos de Christian Jacob sur les violences policières].»

Le conseiller municipal délégué à l’égalité des droits à Saint-Denis, Madjid Messaoudene, a quant à lui estimé sur Twitter que «le privilège blanc s’accompagne très souvent d’une forme de déni», prenant pour exemple les déclarations de Christian Jacob.