Lettre ouverte au Président Macron sur la situation des droits humains en Colombie

Entre janvier 2016 et mai 2019, un total de 702 dirigeants sociaux et environnementaux ont été assassinés. 240 d’entre eux l’ont été depuis l’élection du M.Ivan Duque.

Paris, le 19 juin 2019

Monsieur Le Président de la République,

À l’initiative de plusieurs collectifs en défense de la paix en Colombie nous nous permettons ce courrier afin d’attirer votre attention sur la visite du président colombien M. Ivan Duque Márquez au Palais de l’Elysée le 20 juin 2019.

Comme vous le savez depuis l’annonce des dialogues de paix entre le gouvernement colombien et l’ex guérilla des FARC, les relations déjà étroites entre la France et la Colombie se sont renforcées.

La France demeure le premier employeur direct en Colombie et un des principaux partenaires de la transition du conflit armé colombien. A titre individuel (hors apports de fonds européens) la France a versé une somme de 2,4M€ visant la mise en place des projets de consolidation des accords de paix dans les territoires colombiens.

Nonobstant, nous observons avec inquiétude la dégradation de la situation des droits humains dans le pays. Selon le rapport de recherche de la fondation “Indepaz” entre janvier 2016 et mai 2019, un total de 702 dirigeants sociaux et environnementaux ont été assassinés. 240 d’entre eux l’ont été depuis l’élection du M.Ivan Duque.

Le caractère systématique de ces assassinats est lié également au fait que  71,08% des assassinés l’ont été à cause de leurs engagements écologistes. Au vu du l’intensification de cette alarmante situation, la Cour Pénale Internationale a ouvert une enquête où la Colombie fait l’objet d’un examen préliminaire concernant l’assassinat systématique de dirigeants sociaux et environnementaux.

Malgré le fait d’être le deuxième pays le plus riche en biodiversité au monde, le taux de déforestation de la région amazonienne colombienne a augmenté de 75% le dernier semestre du 2018. À ceci s’ajoute la décision du gouvernement  d’autoriser l’exploration de plusieurs points d’extraction non-conventionnels de pétrole et de gaz (fracking) dans certains territoires protégés en Colombie. Cette extraction non conventionnelle détruit les ressources d’eau et oblige les populations locales à se déplacer augmentant ainsi les conflits territoriaux déjà existants dans le pays.

Concernant les accords de paix, 135 ex combattants de FARC en processus de re-incorporation à la vie civile ont été également assassinés depuis la signature des accords. De plus, le 13 mai 2019 lors d’une réunion avec les ambassadeurs et directeurs des principales missions de l’ONU dans le pays, le gouvernement colombien a exprimé sa volonté de retirer plusieurs missions du territoire, notamment la mission pour les femmes de l’ONU.

Nous comptons sur vous pour inviter  M. Ivan Duque à prendre des engagements clairs concernant son compromis avec la mise en place des accords de paix, ainsi qu’à s’engager sérieusement pour la protection de la vie des dirigeants sociaux, environnementaux et écologistes en Colombie.

Vous remerciant de votre compréhension, nous vous remercions Monsieur Le Président de la République et vous prions de croire à l’expression de nos salutations distinguées.

 

Jean Luc Melenchon – Président du groupe parlementaire La France Insoumise

Esther Benbassa – Senatrice EELV

Sergio Coronado – Ancien député écologiste

Noël Mamère – Ancien député écologiste

Marie Toussaint – Député européenne Europe Écologie Les Verts

Sabine Rubin – Député France Insoumise

Clementine Autin  Député France Insoumise

Danièle Obono – Député France Insoumise

Elsa Faucillon –  Député gauche démocrate et républicaine

Michel Larive – Député France Insoumise

Jean Paul Lecoq – Député communiste

Bastien Lachaud – Député France Insoumise

Eric Coquerel – Député France Insoumise