Les députés Insoumis (mais pas seulement) montent au créneau pour fustiger l’incapacité d’Emmanuel Macron à faire preuve d’empathie.
POLITIQUE – « On ne critique pas quelqu’un qui est sur un lit d’hôpital. » Arié Alimi, l’avocat de la septuagénaire blessée dans une charge de police à Nice lors de l’acte XIX des gilets jaunes, s’indigne ce lundi 25 mars des commentaires « grossiers et indélicats » d’Emmanuel Macron estimant qu’elle n’avait rien à faire dans un périmètre interdit.
« Au-delà du débat juridique, ces propos sont grossiers et indélicats », a commenté Arié Alimi , qui doit formaliser la plainte de la famille dans la journée. « Ca me rappelle un peu les propos de Robert Pandraud à l’égard de la famille de Malik Oussekine », a-t-il ajouté, dans une référence au ministre délégué à l’Intérieur après les manifestations étudiantes de 1986 qui avait fait un mort. « On ne critique par quelqu’un qui est sur un lit d’hôpital et nos aînés ont le droit d’exprimer leurs convictions politiques », a-t-il ajouté.
Même son de cloche du côté de la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon et nombreux députés de la formation politique ont vertement critiqué les mots d’Emmanuel Macron et ce qu’ils définissent comme une nouvelle preuve de son manque d’humanité et d’empathie. « Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n’a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d’elle. Elle milite pour le bien des autres. Et vous, vous la frappez au nom de quoi? », cingle pour sa part le patron des parlementaires Insoumis.
Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n'a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d'elle. Elle milite pour le bien des autres. Et vous, vous la frappez au nom de quoi ?
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 25, 2019
Sage est celui qui respecte et écoute le peuple qu’il gouverne. @EmmanuelMacron ne fait ni l’un ni l’autre. Il est décidément le mépris incarné. Ma solidarite avec #GenevieveLegay https://t.co/R6IWsL4WYq
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) March 25, 2019
#Macron n’était pas né que Geneviève militait déjà. Même sur son lit d’hôpital, le monarque se permet de lui faire la morale. Merci votre bon maître ! #GenevièveLegay pic.twitter.com/sONklRgOk4
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) March 25, 2019
Geneviève L., militante de 73 ans a été grièvement blessée par une charge policière samedi. Macron l'engueule en la sommant d'être "plus responsable". Elle aurait pu mourir. Cela aurait pu être nos mères ou nos grand-mères à sa place.Macron est un barbare. https://t.co/pZb2VOMlYT
— Mathilde Panot (@MathildePanot) March 25, 2019
C’est globalement toute la gauche qui s’indigne de cette nouvelle sortie du président de la République. La sénatrice écolo Esther Benbassa fustige le côté « donneur de leçons » du chef de l’État quand la tête de liste communiste aux prochaines élections européennes Ian Brossat s’interroge: « Comment ose-t-il? »
#GJ. À la septuagénaire grièvement blessée samedi, @EmmanuelMacron souhaite « un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse ». Quand il y aura un mort, il lui souhaitera d'aller au Paradis? Toujours à donner des leçons. Incapable d'un simple moment d'empathie.
— Esther Benbassa ? (@EstherBenbassa) March 25, 2019
Une dame de 73 ans se retrouve blessée à l'issue d'une manifestation.
Le Président de la République est à deux doigts d'expliquer qu'elle l'a bien cherché.
Comment ose-t-il ? #Macron #Nice pic.twitter.com/DFvLN9Pbfl— Ian Brossat (@IanBrossat) March 25, 2019
« Quand on est fragile… »
Mais au delà de ces responsables politiques nombreux citoyens anonymes, intellectuels ou personnalités se montrent scandalisés par la petite pique du président de la République. Dans une interview à Nice-Matin, Emmanuel Macron souhaite « un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse » à la septuagénaire. Geneviève Legay, 72 ans, porte-parole d’Attac dans les Alpes-Maritimes, est toujours hospitalisée pour de multiples fractures du crâne et une enquête judiciaire en cours pour rechercher la cause des blessures.
« Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci », a estimé le chef de l’Etat.
« Ça suffit de taper sur la police! Il y avait une interdiction de manifester. Je souhaite un prompt rétablissement à cette dame qui (…) qui aurait pu parfaitement manifester à 14 heures là où c’était autorisé », a également considéré le maire LR de Nice Christian Estrosi, accusé par ses détracteurs d’avoir surmédiatisé les risques dans une ville où les « gilets jaunes » ont toujours manifesté dans le calme.
« Qu’il y ait une interdiction de manifester, que la manifestation soit faite sans déclaration, cela importe peu: du point de vue du droit, la question est de savoir si la charge des forces de l’ordre était proportionnée, ou pas et si l’infraction (de la part des policiers) est constituée », a de son côté souligné Arié Alimi. Il doit déposer plainte pour « violence en réunion avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique contre personne vulnérable », et contre le préfet. Une vingtaine d’associations ont appelé à manifester ce lundi à 18 heures place Garibaldi, là où Geneviève Legay a été blessée.
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