« Gilets jaunes » : après Strasbourg, des politiques appellent à l’interruption des manifestations

Paris Match ||Mis à jour le

Des "gilets jaunes" ont incendié des barricades bloquant l'accès d'un dépôt pétrolier du Mans, lors de l'intervention des forces de l'ordre pour dégager le passage, tôt mercredi.
Des « gilets jaunes » ont incendié des barricades bloquant l’accès d’un dépôt pétrolier du Mans, lors de l’intervention des forces de l’ordre pour dégager le passage, tôt mercredi. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Plusieurs responsables politiques jugent que de nouvelles manifestations de «gilets jaunes» ne doivent pas avoir lieu dans le contexte de l’attaque de Strasbourg.

L’attaque commise mardi soir à Strasbourg a déjà des conséquences sur le mouvement des «gilets jaunes». Plusieurs responsables politiques ont appelé mercredi matin à la suspension du mouvement. Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, a indiqué que les manifestations n’étaient interdites qu’à Strasbourg, pas au niveau national. «Nous n’en sommes pas là», a-t-il dit sur France Inter. Le secrétaire d’Etat espère néanmoins que la mobilisation faiblira, en raison des «annonces (d’Emmanuel Macron)», des «ouvertures qui ont été faites» et de «la phase de dialogue qui doit s’ouvrir». La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, sur Public Sénat, a pour sa part jugé que compte tenu de l’«événement dramatique» de Strasbourg et des «réponses apportées par le président de la République» aux revendications des «gilets jaunes», «le mouvement doit cesser».

Sur RTL, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a pour sa part tenu la même ligne que son collègue de Beauvau : pas d’interdiction de manifester au niveau national. Il a néanmoins rappelé que les manifestations de lycéens «posent un problème pour d’autres raisons que le terrorisme», assurant vouloir ne pas «mélanger les sujets».

D’autres responsables politiques demandent que le mouvement s’interrompe. Invité d’Europe 1, le maire de Nice Christian Estrosi, a appelé à la suspension du mouvement des «gilets jaunes». «Au milieu du mouvement que nous connaissons, qui mobilise 90 000 membres des forces de l’ordre, la France est en guerre», a-t-il affirmé. «J’appelle à la responsabilité de chacun. Le mouvement des « gilets jaunes » ne peut que se grandir en appelant lui-même à cette même responsabilité», a-t-il ajouté.

Marine Le Pen, invitée de France 2, a indiqué qu’elle ne «polémiquerait pas» sur une éventuelle interdiction des manifestations. «Je suppose que si, de toute façon, ce statut d’alerte terroriste est maintenu, par définition il inclut l’interdiction des manifestations, donc les manifestations ne pourront pas avoir lieu», a-t-elle constaté, semblant anticiper sur une décision que le gouvernement n’avait pas encore prise mercredi matin. «Si le ministre prend une décision aussi grave que celle qui consiste, dans un pays démocratique, à interdire les manifestations, c’est, je suppose, qu’il doit avoir les éléments», a-t-elle ajouté.

Chez LR, Damien Abad réclame une « trêve »

Du côté des Républicains, le vice-président du parti, Damien Abad, a affirmé sur Sud Radio qu’«une trêve s’impose, par respect en la mémoire des victimes, et parce que nos forces de l’ordre sont mobilisées». «On a besoin d’un appel au calme, aux responsabilités, et on a besoin qu’une trêve s’impose car il faut qu’on protège aussi nos forces de l’ordre, qu’on assure la sécurité», a-t-il dit, estimant que «les Français ne comprendraient pas que nos forces de police ne soient pas pleinement mobilisées sur cette lutte contre le terrorisme».

La sénatrice écologiste Esther Benbassa, réagissant aux propos de Nicole Belloubet, a au contraire dénoncé une «instrumentalisation choquante». «Quel est le message exactement? Que la menace terroriste (qui n’a hélas jamais cessé) justifie la suspension de tous les mouvements sociaux? Pourquoi pas aussi celle de tous les principes démocratiques?», a-t-elle tweeté.

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