Loi anticasseurs : « Qui a intérêt à ce qu’il y ait des violences ? » interroge Esther Benbassa
Esther Benbassa, sénatrice rattachée CRCE de Paris, revient, dans Territoire Sénat, sur l’adoption de la loi anticasseurs hier au Sénat. Elle s’exprime, en particulier, sur la saisine du Conseil constitutionnel par Emmanuel Macron et sur le climat de violences dans les manifestations.
Emmanuel Macron a annoncé, lundi, saisir le Conseil Constitutionnel sur plusieurs articles. Il espère ainsi faire taire les critiques. Esther Benbassa, elle, « ne croit pas que le Conseil constitutionnel va retoquer les mesures », dans la mesure où « il est constitué d’hommes choisis par Macron ».
« Monsieur Macron n’est pas un enfant de chœur »
Derrière la saisine, Esther Benbassa voit une manœuvre politique. Pour elle, le Président a préféré saisir lui-même pour éviter une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Si la loi est avalisée par le Conseil constitutionnel, elle pourra entrer en application.
Elle considère aussi qu’Emmanuel Macron saisit le Conseil pour « éviter un retour à l’Assemblée », face aux « grognards ». Elle rappelle que le gouvernement avait émis un avis de sagesse, avant que le texte ne soit durci à l’Assemblée, pour arriver au Sénat dans une version « liberticide ».
« On peut arrêter les casseurs en amont et on ne le fait pas »
Esther Benbassa connaît bien les Gilets jaunes, puisqu’elle se rend à leur rencontre chaque semaine. Elle raconte que, systématiquement, elle « voit débouler les casseurs, reconnaissables par leur accoutrement et leur façon d’agir ».
Elle interroge le gouvernement :
« La police a tous les moyens d’arrêter les casseurs en amont, pourquoi elle ne le fait pas ? Qui a intérêt à ce qu’il y ait des violences ? »
La sénatrice a constaté que les casseurs n’étaient « pas plus de 300 », donc qu’ils étaient faciles à contenir. Pour elle, « il y a toujours eu des casseurs en manif, ce n’est pas nouveau », ce qui est nouveau est « le climat de guerre civile » qu’ils instaurent.
Elle appelle donc à « un changement de la doctrine de maintien de l’ordre ».