Le 13 mai, la sénatrice EELV Esther Benbassa effectuait une visite surprise à l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Porcheville (Yvelines), comme la loi l’y autorise. Nous l’avons accompagnée.
Créés en 2002 par la loi Perben II, les six établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) ont ouvert entre 2007 et 2008. Ils sont supposés fournir un cadre plus adapté que les quartiers pour mineurs (QPM) des prisons pour adultes.
L’EPM de Porcheville (Yvelines) est situé dans une zone industrielle, à proximité d’une déchetterie. Selon la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, sa localisation, difficilement accessible en transports, constitue «un obstacle au maintien des liens familiaux».
Comme les autres EPM, Porcheville peut accueillir jusqu’à soixante détenus, âgés de 13 à 18 ans. Le jour de notre visite, ils étaient cinquante-cinq.
Ce plat de champignons en sauce attend les détenus sans être maintenu au frais. Les jeunes se sont plaints à de multiples reprises de la qualité de la nourriture et de l’absence de plats chauds pour le Ramadan.
Selon l’Observatoire international des prisons (OIP), «les mineurs détenus, au nombre de 782 au 1er janvier 2019, représentent 1,1% de la population carcérale. […] La majorité d’entre eux sont des prévenus (79,8%) et les infractions les plus graves (homicides et viols par exemple) ne concernent qu’une minorité (environ 12,5% des condamnés)».
Ces dernières années, plusieurs agressions contre le personnel de la prison ont été répertoriées. Selon la direction, elles seraient parfois motivées par la volonté des jeunes d’être transférés dans le quartier pour mineurs d’une prison pour adultes, où l’encadrement et les activités sont moindres (mais où ils peuvent aussi, par exemple, cuisiner dans leur cellule).
Deux détenus échangent avec la sénatrice Esther Benbassa pendant le déjeuner.
L’encellulement individuel est la règle dans les établissements pénitentiaires pour mineurs. Certains jeunes détenus se plaignent de l’isolement consécutif. Ils ne sortent en promenade que trois par trois.
Dans son rapport de 2017 sur la prison, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté avait critiqué l’état des cellules et des sanitaires. Concernant leur aspect particulièrement dégradé, la direction de la prison reconnaît un problème mais évoque un «contentieux avec le constructeur».
Les cellules du quartier disciplinaire sont en meilleur état, notamment du fait qu’elles sont moins utilisées. Les détenus peuvent y être enfermés deux jours en raison d’un problème de discipline. L’isolement y est encore plus grand.
La grande majorité des jeunes incarcérés à Porcheville –autour de 80%– sont en détention provisoire, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas encore été jugés, ni condamnés. La durée moyenne du séjour y est de trois mois et dix-huit jours.
Les cinquante-cinq détenus sont scolarisés à l’intérieur de l’EPM Porcheville (collège et lycée). L’établissement comprend aussi une salle de musculation, des terrains de sport et une médiathèque. Certains prisonniers se plaignent néanmoins du manque d’activités.
Les tensions peuvent aussi s’expliquer par le fait que les jeunes sont au contact des personnels durant l’essentiel de la journée, à la différence d’un quartier pour mineurs.
La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté recommande une meilleure formation du personnel, qui ne sait pas toujours encadrer des mineurs, et une coopération accrue entre les éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et les surveillants. Samuel Messadia, secrétaire local SNP-FO, réclame plus d’embauches.