La ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a souligné jeudi le besoin de faire baisser la « tolérance sociale » et de briser « l’omerta » à l’égard des violences sexuelles, lors d’un débat au Sénat auquel n’ont assisté que quelques sénateurs.
Organisé à l’initiative de la sénatrice EELV Esther Benbassa, ce débat sur le thème « Violences sexuelles: aider les victimes à parler » n’a réuni que des intervenantes, devant des bancs clairsemés et occupés en majorité par des sénatrices.
« Il y a trois quarts de femmes et un quart d’hommes », a lancé Corinne Bouchoux (écologiste) pendant le débat. « Sept hommes étaient présents », a souligné Mme Benbassa devant la presse.
Trop souvent, les victimes n’osent pas parler. « Seules 10% portent plainte », a rappelé Chantal Jouanno (UDI-UC) tandis que Michèle Meunier (PS) observait que le viol est « le seul crime dont la victime porte la honte ».
Mme Benbassa a souhaité « des campagnes visant à améliorer, dans la population, la connaissance de la loi, de ses droits, des chiffres des violences sexuelles et à déconstruire les représentations fausses ».
« Libérer la parole est d’autant plus difficile » que, « dans 90% des cas, les violences sexuelles sont commises par une personne connue de la victime » et que ces agressions visent souvent des mineurs, a souligné Laurence Rossignol.
Selon une enquête de l’Ined (Institut national d’études démographiques) publiée fin 2016, une femme sur sept et un homme sur 25 déclarent avoir subi au moins une forme de violence sexuelle au cours de leur vie.
Le nombre de personnes disant avoir été victime d’au moins un viol ou tentative de viol dans les 12 derniers mois est estimée à 62.000 femmes et 2.700 hommes.
« Nous ne disposons aujourd’hui d’aucune évaluation précise du nombre d’enfants victimes de violences sexuelles en France », a relevé Mme Rossignol, qui doit présenter le 1er mars le premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants.
« En 2010, le Conseil de l’Europe avançait qu’un enfant sur cinq en Europe serait victime de violences au sens large: viols, tentatives de viols, agressions sexuelles, exposition à la pornographie, exploitation sexuelle et prostitution », a-t-elle ajouté.
Parmi les actions de prévention et sensibilisation, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes a cité les dispositifs d’éducation à la sexualité et à l’égalité filles-garçons dans les établissements scolaires.