Violences sexuelles, harcèlement : dépasser la dénonciation (« TV5 Monde », 12 novembre 2017)

La libération de la parole, via les hashtag #BalanceTonPorc et #MeToo, ne se limite pas à la dénonciation. Avec la succession de tribunes, l’une appelant le président à « décréter un plan d’urgence » contre les violences sexuelles, et d’autres émanant de féministes musulmanes et antiracistes sur l’affaire Ramadan, la mobilisation a-t-elle franchi une nouvelle étape ?

Après cette vague de libération de la parole et de conscientisation du phénomène de harcèlement et de violences sexuelles, la crainte de voir retomber, comme un soufflé, ce mouvement suscité par l’affaire Weinstein habite bon nombre d’entre nous.

On a vu souvent des mobilisations massives générées par des campagnes sur les réseaux sociaux, s’éteindre aussi vite qu’elles ont surgi. Et au fur et à mesure, des protestations parfois légitimes contre le #BalanceTonPorc critiqué en ce qu’il peut receler notamment une part de délation, qui n’a pas craint qu’on s’épuise pendant des jours à débattre de la forme employée, empêchant ensuite tout débat de fond.

« La parole, c’est le pouvoir. Et les femmes n’ont pas à la prendre seulement pour dénoncer. » Esther Benbassa, sénatrice 

Dans ce contexte, il était urgent d’éviter toute dépolitisation du sujet pour traiter l’enjeu de ce débat celui du système de domination et de pouvoir qui doit être combattu, condition préalable, si l’on veut, femmes et hommes, bâtir une société égalitaire. Et comme le rappelle la sénatrice Esther Benbassa dans une tribune du Huffington Post, « la parole, c’est déjà agir », « la parole, c’est le pouvoir. Et les femmes n’ont pas à la prendre seulement pour dénoncer ». « Et ne doit en aucun cas être réduite à une parole de victimes. »

« Il faut passer par une analyse politique des choses, déclare également Geneviève Fraisse, philosophe et historienne de la pensée féministe, dans un entretien accordé au quotidien suisse Le Temps car, selon elle, « l’éducation et le droit ne sont pas suffisants ». Pour elle,  l’affaire Weinstein, comme l’affaire Baupin, « c’est une affaire de sexualité, de libido, en lien avec le pouvoir » et « la jouissance sexuelle fait partie de la jouissance du pouvoir. C’est l’imaginaire social qui doit changer. »

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