Violences contre migrants: la préfecture de police de Paris reste sourde aux accusations (Mediapart, 12 janvier 2017)

Après Bruno Le Roux, Bernard Cazeneuve refuse de répondre sur le fond aux questions concernant des faits de harcèlement policier constatés par plusieurs collectifs et ONG à l’encontre de migrants à Paris. La mairie vient de demander des explications à la préfecture de police.

Après le collectif P’tits Dej’ à Flandre et Médecins sans frontières, c’est au tour de Médecins du monde de dénoncer, ce jeudi 12 janvier, des exactions de la part de policiers à l’encontre de migrants contraints de dormir à la rue à Paris en raison de la saturation du centre de premier accueil (CPA) de la ville. […]

Face à ces accusations répétées, la préfecture de police de Paris se terre dans le silence. Sollicité par Mediapart, le service de presse explique ne pas pouvoir donner suite à nos questions, renvoyant à l’interview du ministre de l’intérieur au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro le 8 janvier. Bruno Le Roux, pourtant, s’est gardé de répondre sur le fond. Malgré la variété des témoignages relatant des faits ayant eu lieu à des dates et à des endroits différents, il a assuré que les policiers n’avaient « pas d’instructions ». Choisissant la contre-attaque, il a déclaré qu’« il faut arrêter ce sport national de mise en cause des policiers », ajoutant que « ce que font aujourd’hui les forces de police, c’est de la mise à l’abri de personnes qui sont vulnérables », parlant même de « conscience » et d’« humanité ». « C’est vrai, quelquefois, il peut y avoir une forme de contrainte à mettre à l’abri quelqu’un », a-t-il ajouté. En visite au SAMU social d’Ivry-sur-Seine, la ministre du logement Emmanuelle Cosse a elle aussi éludé. […]

Mais le gouvernement n’en démord pas. En séance publique au Sénat, ce jeudi, la sénatrice EELV Esther Benbassa est revenue sur la « systématisation des violences policières ciblant les migrants dans la capitale ». « Vous n’avez pas réfuté la réalité du harcèlement qui est le lot quotidien de ces populations depuis l’été 2016 à Paris », a-t-elle relevé, mettant en cause les politiques publiques aboutissant à ce que des réfugiés restent à la porte de structures prévues pour les accueillir. Le premier ministre Bernard Cazeneuve a pris la parole à la place de son successeur à la place Beauvau pour affirmer que « notre seule mission est d’assurer la protection des personnes persécutées dans leur pays d’origine ». Et plutôt que de répondre aux critiques, il a dressé un bilan élogieux de l’action de la France en matière d’accueil des réfugiés et accusé la messagère de pratiquer « l’outrance et la caricature ».

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