La prise en charge de la déradicalisation des djihadistes en France est un «échec» et les autorités doivent changer de «concept», selon un bilan d’étape d’une mission d’information sénatoriale rendu public mercredi.
La mission d’information «désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en Europe», a dressé un bilan global peu flatteur de la politique de déradicalisation, alors que la France a été frappée par une vague d’attentats djihadistes sans précédent en 2015 et 2016 (238 morts).
«C’est un fiasco complet, tout est à repenser, tout est à reconstruire», a commenté mercredi le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, lors d’une conférence de presse.
Il visait en particulier le seul centre de déradicalisation en activité en France, ouvert aux seuls volontaires, à Pontourny (centre), décrié par les riverains et actuellement vide. En janvier, l’inculpation et l’incarcération d’un pensionnaire du centre membre d’une filière djihadiste désirant se rendre dans la zone irako-syrienne avait soulevé l’indignation.
La déradicalisation est pourtant un phénomène bien réel: fin octobre 2016, près de 12.000 signalements avaient été effectués par le biais d’un numéro d’appel gratuit et des services de sécurité, selon le ministère de l’Intérieur. Plus de 2.200 personnes sont suivies par une association.
Dans les prisons, le gouvernement a décidé de créer des «quartiers pour détenus violents» pour isoler les profils les plus durs, sans compter six «quartiers d’évaluation de la radicalisation».
Critique envers la politique de regroupement des détenus radicalisés, la sénatrice écologiste Esther Benbassa, co-rapporteur de la mission, a critiqué la «hâte» avec laquelle les programmes de déradicalisation ont été conçus.
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