Sénat. La politique pénale de Taubira détricotée (Ouest-France, 31 janvier 2017)

« Le Sénat a adopté mardi une proposition de loi Les Républicains (LR) destinée à détricoter la politique pénale de l’ex-garde des Sceaux Christiane Taubira qui selon la droite sénatoriale ignore les « besoins pressants » de la justice.

A trois mois de la présidentielle, la droite, LR et UDI-UC, (majoritaire) a voté contre l’avis du gouvernement la proposition de loi des sénateurs LR Bruno Retailleau, président du groupe, et François-Noël Buffet destinée « à renforcer l’efficacité de la justice pénale », l’ensemble de la gauche s’y opposant.

Toutefois, ce texte ne pourra entrer en vigueur que s’il est adopté également par les députés, ce qui est impossible avec l’Assemblée actuelle, où la gauche est majoritaire. […]

« Un arsenal digne des meilleures années Sarkozy »

Pour les sénateurs socialistes, avec ce texte, « la droite prépare au Sénat le programme de justice pénale de son candidat à la présidentielle ». « Plus qu’une réaction, c’est un texte de restauration qu’a voulu imposer la majorité sénatoriale », « un arsenal digne des meilleures années Sarkozy » a lancé Jacques Bigot.

« Il a un mérite, a dit Alain Anziani. Il montre qu’en matière pénale, les LR n’ont pas d’autre doctrine que le retour au passé et finalement le souci de plaire, sans se soucier des droits fondamentaux, sans évoquer les moyens qu’une telle loi supposerait, sans s’inquiéter d’une justice forte et indépendante ».

Une analyse partagée par Esther Benbassa pour qui ce texte « rappelle les fondamentaux de la droite: tout répressif, tout carcéral, accusations de laxisme et d’irresponsabilité vis-à-vis des socialistes ».

« La justice pénale ne sera efficace et humaine qu’avec plus de moyens, plus de magistrats – loin des suppressions de fonctionnaires annoncées par le candidat Les Républicains », a jugé pour sa part Cécile Cukierman (Communiste, républicain et citoyen) tandis que pour Jacques Mézard (RDSE, à majorité PRG), « la justice mérite une loi de programmation élaborée dans un large consensus politique et en concertation avec ceux qui la rendent, les magistrats ».

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