Retour de djihadistes : les experts pressent la France de s’inspirer de ses voisins (« Le Parisien », 10 novembre 2017)

Le déclin de Daech sur le terrain rend la question de la gestion des « revenants » de plus en plus pressante. Les spécialistes appellent à un changement de paradigme.

Déradicalisation, prévention, réponse judiciaire… Ceux qui travaillent dans la lutte contre le djihadisme y voient « le plus grand défi actuel » en Europe. Alors que Daech connaît une perte de terrain considérable en Irak et en Syrie, l’ombre du retour des djihadistes et de leurs accompagnateurs s’étend chaque jour un peu plus sur la France. Au moins 700 Français adultes sont encore sur zone syro-irakienne – 400 hommes et 300 femmes – et pourraient revenir en France. Auxquels il faut ajouter 500 mineurs. La question de leur éventuel retour dans l’Hexagone, avec les risques que cela comporte, est donc plus que jamais d’actualité.

Face à cette crainte, les spécialistes du djihadisme appellent à changer profondément la façon dont les combattants islamistes sont traités à leur retour. Et à s’inspirer davantage du traitement « personnalisé » dans lequel l’Allemagne, le Danemark ou encore la Belgique auraient pris de l’avance.

« Le fiasco français »

En février puis en juillet, la sénatrice écologiste Esther Benbassa avait co-écrit un rapport extrêmement sévère nommé « désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en Europe », mettant le doigt sur le retard de l’Hexagone en la matière. « Le fiasco français est dû au fait d’avoir tardé à comprendre l’intérêt de l’accompagnement individuel : on s’est ainsi privé de toute évaluation individuelle fiable », relève-t-elle aujourd’hui.

Dans son rapport, l’élue pointait notamment le cas d’une cellule de déradicalisation mise en place dans une célèbre prison française, y regrettant le manque de traitement « personnalisé ». Certains détenus ne comprenant par exemple pas pourquoi ils étaient mêlés « à des personnes très engagées dans un processus violent ».

Un trop grand rôle laissé aux associations ?

Autre erreur française, selon la sénatrice : avoir donné les clés de la déradicalisation à des associations parfois bancales. « Tout le monde s’est jeté dessus comme cela avait été le cas, par le passé, dans la politique de la ville », souffle-t-elle, évoquant le « marché des subventions ». En mars, l’ex-responsable d’une cellule de déradicalisation a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Parispour détournement de fonds, blanchiment et travail dissimulé.

A l’inverse, le rapport d’Esther Benbassa louait l’approche « transversale et individualisée » mise en œuvre par les autorités à Aaarhus, au Danemark, et Vilvorde, en Belgique. « Privilégiant l’accompagnement des personnes sur leur lieu de vie, plutôt que leur déracinement au sein d’une structure ad hoc », celle-ci reposait « sur des équipes pluridisdisciplinaires » qui impliquaient « une collaboration étroite et quotidienne des services » publics.

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