Quel impact des cadrages politiques et médiatiques dans la construction des préjugés? (Bondy Blog, 12 octobre 2016)

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« Après avoir analysé construction et déconstruction des préjugés, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme et le Bondy Blog se sont intéressés à l’influence de la politique et des médias sur le regard porté sur l’autre. 

Quelle est la responsabilité du discours politique et des responsables politiques dans la construction et la persistance des préjugés? Quel est leur impact sur notre vision des choses et des gens ?  C’est à cette question que cette deuxième table-ronde a répondu. 

Animé par Nassira El Moaddem, directrice du Bondy Blog, ce débat a réuni des personnalités d’horizons différents : Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, Serge Guimond, professeur de psychologie sociale à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand et chercheur au CNRS, Aurélie Cardin, déléguée générale du Festival CinébanlieueFrédéric Callens, délégué général adjoint de la Fondation Culture et Diversité, Widad Ketfi journaliste et blogueuse au Bondy Blog et Doan BUI, journaliste à L’Obs et écrivaine.

Une des premières responsabilités réside dans le manque de mixité et de diversité du personnel politique français. Esther Benbassa a confié son parcours de femme politique arrivée sur le tard, chercheuse d’origine étrangère, ce parcours de “métèque avec accent” comme elle dit, dans un milieu où presque tout le monde appartient à une élite. “Il faut le dire, quand vous entrez au Sénat par exemple, vous avez très peu de personnes issues des quartiers populaires”. Ce manque de représentation de la diversité des Français explique, en partie, selon la sénatrice , pourquoi “les politiques ont tant de mal à comprendre l’idée de l’autre”.  Un manque de diversité qui a des conséquences concrètes sur le processus législatif et sur le travail parlementaire puisque la sénatrice rapporte avoir tenté de faire voter au premier tour le Rapport de La lutte contre les discriminations, que le Sénat a rejeté. Lorsque le projet a enfin été adopté, elle se rappelle avoir entendu en commission : “Mais Madame Benbassa, les discriminations n’existent pas, arrêtez ! Nous sommes tous égaux devant la loi” . “Vous vous imaginez même le mot “discriminations” dérange ! [...] C’est une sorte de racisme systémique. Un racisme du quotidien, sans faire attention, avec des remarques qui peuvent être blessantes. Il y a une vraie coupure entre les quartiers, les banlieues et la classe politique”, explique celle qui fut d’abord, et est toujours, chercheur et directrice d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Et d’affirmer que “le Sénat ne représente pas la société” avec un chiffre sur la présence de femmes dans les deux chambres du Parlement. “Nous sommes 23 % au Sénat et 25 % à l’Assemblée, ce n’est pas beaucoup”. Que faire alors, demande Nassira El Moaddem ? Mettre en place des quotas ? “Oui“, répond sans hésiter Esther Benbassa, mais de manière provisoire. […] »

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