par Christel De Taddeo,
« Depuis un an, le Sénat bloque. A l’initiative du mouvement Le Nid, des élus veulent relancer la machine législative. Leur objectif? L’interdiction de la prostitution
« Pourquoi cette loi est-elle bloquée? » insiste Rosen Hicher, prostituée repentie de 57 ans, qui marche pour l’abolition et ne désespère pas d’obtenir un entretien avec Manuel Valls. Partie sur les routes le 3 septembre de Saintes (Charente-Maritime), elle achève son périple de 800 km aujourd’hui à Paris, où elle ira jusqu’au Sénat.
Rosen ne marche pas seule. Dans une tribune, publiée en exclusivité dans le JDD,200 élus interpellent les sénateurs pour que la proposition de loi visant à lutter contre le système prostitutionnel ne soit pas enterrée. Anne Hidalgo en tête. Alors que la commission spéciale au Sénat a supprimé l’article 16 sur la pénalisation des clients et que l’examen du texte n’a toujours pas été mis à l’ordre du jour, ces élus demandent aux sénateurs de voter « rapidement un texte équivalent ou renforcé » à celui adopté par l’Assemblée nationale il y a près d’un an.
L’abolition n’est pas pour demain
L’examen du texte a été repoussé « aux calendes grecques », ironise un sénateur. Pour Grégoire Théry, secrétaire général du Nid – une association luttant contre le proxénétisme –, « certains sont prêts à sacrifier l’ensemble du texte simplement pour éviter la pénalisation des clients ».
Exit alors aussi l’abrogation du délit de racolage, un permis de séjour temporaire pour celles qui entameraient un parcours de sortie de la prostitution ou encore la création d’un fonds d’indemnisation pour les victimes du proxénétisme. « Beaucoup de bonnes intentions », admet Esther Benbassa (EELV), vice-présidente de la commission spéciale du Sénat, qui rappelle que l’abrogation du délit de racolage avait été adoptée en mars 2013 avant d’être introduite dans la proposition de loi « pour servir de carotte ». Et se veut réaliste : « On voudrait nous faire croire que le gouvernement va s’occuper des prostituées alors qu’il n’y a pas un sou dans les caisses. » Dans ce contexte, l’interdiction pure et simple… ce n’est pas pour demain. »
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