Nous avons suivi une visite surprise de la sénatrice Esther Benbassa dans cet établissement.
MIGRANTS – Des anciennes cellules reconverties en chambres, des grillages un peu partout, des barquettes repas qui ressemblent à celles d’un hôpital et la télé branchée sur BFM TV dans la salle de détente. Bienvenue dans le centre de rétention administrative (CRA) pour femmes du Palais de justice de Paris. C’est ici que sont retenues les migrantes qui n’ont pas les papiers adéquats pour résider sur le territoire français.
Ces images sont rares car l’autorisation pour les journalistes d’entrer dans un centre de privation de liberté en compagnie d’un parlementaire est très récente. Si la loi date de 2015, le décret d’application n’a été publié que fin 2016.
« Ce n’est pas un hôtel 4 étoiles bien sûr, mais comparé aux autres centres de rétention que j’ai vu, les conditions sont correctes », assure Esther Benbassa, sénatrice EELV que nous avons suivi lors de cette visite surprise. L’élue a l’habitude de visiter ce genre d’endroits, mais c’est la première fois qu’elle se rend dans un CRA réservé aux femmes.
Au moment de la visite, elles sont 10 à être retenues dans ce centre, d’une capacité d’accueil de 40 personnes au total. « Sur l’année 2017, ce sont majoritairement des Chinoises et des Roumaines », nous expliquent les juristes de l’ASSFAM, association habilitée à dispenser aide et conseils dans ces établissements. « Pourquoi des Roumaines ? », s’inquiète Esther Benbassa comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo ci-dessus.
En effet, depuis 2014, les Roumaines, comme les autres ressortissants de l’Union européenne, sont autorisées à travailler librement sur le territoire français, sans titre de séjour ou visa spécifique. « Elles sont interpellées pour menace à l’ordre public ou abus du droit de séjour », explique l’ASSFAM, sans se satisfaire de cette explication. En effet, pour résider légalement en France, les ressortissants de l’UE doivent fournir des justificatifs de travail ou de recherche d’emploi. Et en cas de « menace à l’ordre public », ils peuvent être reconduits à la frontière. « Elles sont là parce qu’elles sont Roms », accuse la sénatrice, après avoir échangé avec ces femmes lors de sa visite.
Outre cette présence d’Européennes au sein du centre de rétention, une autre question fâche Esther Benbassa. Selon les données de l’ASSFAM, en moyenne, les femmes restent au CRA 11 jours et la moitié d’entre elles sont ensuite relâchées en France, tandis que les autres seront expulsées ou reconduites à la frontière. « Si ces femmes sont libérées, ça veut dire qu’elles n’ont pas à être là, même un jour, même une heure », tempête la sénatrice, évoquant le « traumatisme » d’être privé de liberté.
Et de conclure, à l’issue de cette visite. « Il y a un vrai gâchis d’argent. Ce CRA ne sert à rien sinon qu’à faire de l’affichage ».
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