Les migrants auraient besoin d’un vrai lieu de vie (« La Nouvelle République du Centre », 8 juin 2017)

« En visite, hier, au Centre d’accueil et d’orientation de Saint-Pierre-des-Corps, la sénatrice Esther Benbassa s’est montrée assez critique.

Hasard du calendrier. C’est le jour même où la NR annonce la mesure de renvoi frappant une quinzaine de migrants jusqu’alors hébergés au Centre d’accueil et d’orientation (CAO) de Grandmont, qu’Esther Benbassa a visité, hier, la structure analogue de Saint-Pierre-des-Corps.

Sénatrice du Val-de-Marne, vice-présidente de la commission des lois, cette parlementaire s’est particulièrement impliquée dans la lutte contre les discriminations et le désembrigadement des djihadistes.

La visite de cette structure gérée par Adoma lui a, semble-t-il, laissé une impression mitigée. Situé près de la gare, le bâtiment accueille une soixantaine d’hommes vivant seuls, très majoritairement des Soudanais ayant connu Calais puis Stalingrad et aujourd’hui la Porte de la Chapelle, à Paris.
Esther Benbassa ne méconnaît pas les efforts réalisés par le personnel mais pointe du doigt le manque de moyens. Il faut dire qu’avec un équivalent temps plein pour une trentaine de personnes, le CAO se voit contraint de focaliser son action sur l’accompagnement administratif des demandeurs d’asile.
Ceux-ci sont, aujourd’hui, soumis de façon plus drastique qu’hier à la procédure Dublin qui rend plus prégnant le risque d’être débouté.
« Ici, ça n’a pas l’air d’être un lieu de vie. Aucune animation ne semble être proposée aux résidents qui donnent l’impression d’être en attente. La propreté des locaux paraît par ailleurs perfectible », assène la sénatrice.
Un constat sévère auquel le directeur de cette structure, qui gère plusieurs sites sur le département, s’est attaché à répondre : « Nous disposons d’une salle de classe où des cours de français ont été prodigués et avons noué des liens avec les associations locales mais nous devons fonctionner avec 25 € par jour et par personne. »
Ce dernier explique qu’il faut aussi prendre en compte la psychologie de ces résidents qui ont déjà été tellement éprouvés par la vie : « On essaie de les impliquer dans la gestion quotidienne du foyer, notamment… par le biais du ménage même si les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de nos espérances. »

Philippe Samzun »
Pour (re)lire cet article sur La Nouvelle République du Centre Ouest, cliquez ici