L’échec de la déradicalisation à la française (« Ouest-France », 13 juillet 2017)

Le rapport de deux sénatrices se montre très critique sur la politique de désendoctrinement des djihadistes.

Il faut revoir la politique de déradicalisation. C’est, en substance, les conclusions d’un rapport du Sénat présenté, hier, par les sénatrices Esther Benbassa (EELV) et Catherine Troendlé (LR) dans le cadre d’une mission d’information sur le « désendoctrinement, le désembrigadement et la réinsertion des djihadistes en France et en Europe ».

Les auteurs y dénoncent pêle-mêle le recours à une multitude d’associations, l’ouverture d’un centre spécialisé, la politique de regroupement des détenus radicalisés ou encore la gabegie financière de l’État.

Si les sénatrices reconnaissent qu’il n’y a pas de « recette miracle » , elles appellent, parmi dix propositions, à mettre en place un « cahier des charges » pour sélectionner les organismes et à porter l’effort sur « un accompagnement sur mesure » des personnes radicalisées. La lutte contre la radicalisation doit ménager « un équilibre entre l’intervention sociale et les exigences de sécurité » , appuient-elles.

Un centre vide

Depuis 2014, l’État a dépensé près de 100 millions d’euros. Une gestion financière, souvent hasardeuse, illustrée notamment par l’échec du centre de Pontourny (Indre-et-Loire). Ouvert en septembre 2016 et doté d’une capacité de 25 places, ce centre de déradicalisation a coûté près de 2,5 millions d’euros aux contribuables, mais n’accueille plus personne depuis février. « Il faut fermer le centre de Pontourny, il n a pas d avenir. Basé sur le volontariat ça ne marche pas » , a déclaré, hier matin, Esther Benbassa sur France Inter.

Les sénatrices qui se sont déplacées à Vilvorde en Belgique, et Aarhus au Danemark, encouragent les pouvoirs publics à prendre exemple sur ces villes où la prise en charge des radicalisés est moins coûteuse et adaptée à chaque individu.